Entre le monde de l'entreprise, de l'industrie et celui de l'université, les relations sont à repenser, à redynamiser, à mettre en phase avec la nouvelle donne économique. C'est le constat établi par les animateurs de la première conférence débat organisée hier par l'Ecole nationale de technologie (ENST) au Cerist. Un problème de taille soulevé par cette rencontre, celui de la rémunération, du financement. Révolue l'époque où des chercheurs, des experts ou des consultants se faisaient décerner des attestations d'honneur en récompense du travail ou de l'expertise qu'ils réalisaient, ont relevé les participants à cette conférence. C'est un réel obstacle au développement des rapports entre l'entreprise et le monde scientifique. Et même si l'entreprise essaye d'y mettre de la volonté, ce ne sera pas facile de déboucher sur du concret. Explications : il est complexe pour qu'un expert se fasse établir une facture, une convention auprès d'une entreprise parce que la loi n'est pas claire sur la question de la rémunération. C'est pourquoi il se trouve que des experts auxquels des entreprises font appel pour une telle ou telle expertise se font payer en référence à leur statut (enseignant, chercheur…). Finalement, c'est le critère ès qualités qui constitue une base de rémunération. Mais, ce n'est pas tout, il est des entreprises qui rechignent quand il s'agit de rémunérer une expertise. Tout est question de culture, estiment certains consultants présents à cette réunion. Des délégués d'entreprises ont présenté certaines expériences en matière de ressources humaines, de formation et des profils de compétences qu'ils recrutent ou qu'ils prennent en charge après la fin de leurs études. Des questions liées à l'industrie, à son développement ont été disséquées, débattues. Il a été ainsi soulevé qu'il ne peut y avoir une réelle dynamique dans le domaine de l'industrie sans innovation, sans brevets, sans stratégie claire. Certains ont fait remarquer, dans ce registre, que 65 000 brevets ont été déposés au niveau de l'INAPI. Mais combien, parmi ces documents, ont-ils été approuvés, validé ? «Une infime partie», regrette un participant. Il est vrai que depuis l'ouverture de l'économie nationale à la concurrence, le monde de l'université a beaucoup évolué, mais beaucoup plus sur le plan quantitatif. L'université, de manière générale, ne forme pas en fonction des besoins des entreprises. Le reproche est fait également à l'entreprise, cette dernière n'accorde pas d'importance à l'expertise, au monde scientifique, pas plus qu'elle ne pend sur elle la formation de compétence (formation continue) et ce, malgré le fait qu'elle bénéfice d'allègement fiscal sur la formation. Y. S.