L'Algérie se situe parmi les trois derniers pays du sud de la Méditerranée en matière de promotion de l'entreprise et de l'entrepreneuriat. Notre pays enregistre, en effet, un immense retard dans divers secteurs, hormis celui de l'éducation (formation à l'esprit d'entreprise) dans lequel des avancées ont été marquées. C'est en tout cas ce qui ressort de la réunion sur l'évaluation de la mise en œuvre de la charte euro-méditerranéenne pour l'entreprise tenue hier à Alger. Cette réunion, à laquelle ont pris part des industriels, experts et représentants des différents ministères, a pour objectif la vulgarisation de la charte euro-méditerranéenne pour l'entreprise. «La charte euro-méditerranéenne est un instrument d'engagement politique qui n'est pas juridiquement contraignant. Signée en 2004, celle-ci reste méconnue au niveau extra-ministère», nous a indiqué Mohamed Kirat, directeur des études et des programmes «zones industrielles» du département de Temmar. Six ans après sa signature, quelle évaluation peut-on faire ? La réponse de ce responsable est la suivante : «L'évaluation faite six ans après montre que la charte euro-méditerranéenne est mitigée parce qu'en sus du secteur de l'éducation, dans les autres secteurs on a enregistré beaucoup de retard. Et si l'on fait la comparaison avec des histogrammes, on se retrouve parmi les trois derniers pays du sud de la rive. Parce qu'on possède une économie un peu spécifique par rapport à l'environnement des autres pays méditerranéens», a-t-il précisé. Sur un autre sujet, la même source a fait savoir que notre pays devrait proposer la modification de la charte euro-méditerranéenne pour l'entreprise, adoptée dans le cadre de l'application du processus de Barcelone. En effet, l'Algérie veut ériger les deux volets, relatifs à l'environnement et l'innovation, comme des dimensions de la charte. Adoptée en 2004 en Italie par les 35 ministres de l'Industrie des pays de cette région, la charte contient actuellement 10 dimensions politiques clés relatives, notamment aux procédures simples pour les entreprises, éducation et formation à l'esprit d'entreprise, financement et fiscalité appliquée à l'investissement, accès des entreprises au marché, organisations professionnelles et qualité des services d'appui aux entreprises. Ces dimensions servent à évaluer la mise en œuvre de cette charte par les pays partenaires, a expliqué notre source, précisant toutefois que l'application de cette charte dépendra des propres priorités de chacun des pays. Il est utile de rappeler que la charte comprend les principes communs sur lesquels les politiques d'entreprises des partenaires de la région méditerranéenne doivent se fonder et ce, en perspective de la création de la vaste zon de libre- échange euro-méditerranéenne, prévue initialement pour 2010, ajoute-t-elle. Les propositions algériennes seront débattues en juin prochain à Bruxelles au niveau du groupe des experts pour ensuite être discutées, si elles étaient retenues, par les ministres euro-méditerranéens de l'Industrie en octobre. Plusieurs pays du Sud, secoués par la crise économique internationale, tels que la Jordanie et l'Egypte ont souhaité la révision de cette charte, notamment sur les aspects financement et commerce international, ajoute plus loin M. Kirat. S. B.