Portée par les forces de l'argent et les puissances économiques, la mondialisation a phagocyté tous les secteurs d'activité et de production. Rien n'y a échappé. Pas même la culture. Les produits culturels et les créations artistiques sont désormais soumis aux mêmes règles de la commercialité que tout autre produit industriel ou agricole. Les frontières s'effondrent devant les majors du cinéma, de l'édition, de la musique ou du spectacle. Toutes les expressions culturelles sont bonnes à exploiter, commercialement parlant, pour être concurrentielles et rester dans la course. Il s'agit de diversifier l'offre pour satisfaire la demande et gagner des parts de marché, sinon y préserver sa place. Il faut donc chercher l'original, l'authentique, l'originel… enfin, tout ce qui n'a pas encore été vicié par la commercialité, pour justement avoir la primauté de son exploitation et donc en tirer le plus de bénéfices. C'est la world culture, la soupe culturelle mondiale où seront dilués ces arts dits primitifs (originels) et ces cultures dites mineures (authentiques).Des artistes, des penseurs, des hommes de culture, voire des politiques, s'élèvent contre cette mondialisation qui vide les cultures de leur substance, de leur essence, et les uniformise en les intégrant dans ce bouillon dont le seul liant est l'argent. La résistance au broyeur de la machine mondialiste tente de s'organiser. Des pays africains mettent en avant «l'exception culturelle», concept que reprendra quelques années plus tard la France quand elle engagera un bras de fer avec les Etats-Unis qui voulaient intégrer les productions culturelles dans les négociations commerciales au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et les soumettre aux mêmes règles du marché régissant le commerce des autres produits de consommation.Mais en vain. Ce que l'OMC n'a pas fait, l'argent le fera. La culture se mondialise et les repères culturels et identitaires tendent à s'estomper. La résistance doit dès lors prendre une autre forme et intervenir en interne, au sein de la société qui doit connaître sa culture, ses racines et son histoire. C'est d'autant plus nécessaire que le pays s'ouvre -et c'est tant mieux- aux autres cultures dont la diffusion s'est généralisée grâce aux nouvelles technologies de la communication qui ont abattu toutes les frontières. Et un pays qui ne socialise pas sa culture, son histoire et tout ce qui constitue ses repères identitaires se condamne et condamne sa société à errer entre toutes les cultures qui lui viennent de différents horizons. N'est-ce pas une menace qui pèse sur notre société où culture, histoire et patrimoine sont confinés dans des cercles d'où ils ne sortent qu'à l'occasion ? H. G.