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Mondialisation, modernité et spécificités socioculturelles
Publié dans Le Maghreb le 09 - 07 - 2008

" Depuis deux décennies, le terme de mondialisation tend à s'imposer au détriment de celui d'internationalisation. Alors que l'internationalisation désignait les relations économiques (marchandises, capitaux, firmes ), entre des espaces économiques nationaux, le terme de mondialisation (globalisation en anglais ) suppose l'existence d'un espace économique commercial; financier , productif et culturel de plus en plus unifié.Cette évolution conduit un certain nombre d'auteurs à penser que la mondialisation entraîne dans son sillage un processus d'uniformisation culturelle . Selon S. Latouche par exemple , les effets néfastes de la mondialisation ( dans le domaine culturel entre autres ) sont imputables à l'extension considérable du marché au niveau mondial : les solidarités sociales sont réduites à de simples liens marchands au sein desquels les individus privilégient une logique utilitariste aux dépens des autres formes de relations sociales et des spécifiés culturelles . On assiste selon lui à une "occidentalisation du monde" qui ne se réduit qu'à une anti-culture . Ainsi " mégamachine technoéconomique anonyme et désormais sans visage, l'occident remplace en son sein la culture par une mécanique qui fonctionne à l'exclusion et non à l'intégration de ses membres, et sur ses marges , à sa périphérie , elle lamine les autres cultures (…) Cet impérialisme culturel aboutit le plus souvent à ne substituer à la richesse ancienne qu'un vide tragique (…)". Ce processus de déculturation se manifeste , selon S. Latouche , à deux niveaux :
-Au niveau de la production et de la consommation de biens qui ont un impact culturel : les firmes multinationales d'agroalimentaire ( Mc Donald's , Coca Cola ,etc. ) ou vestimentaire (Nike, Reebok , Adidas , etc. ) en imposant une production une consommation de masse standardisées qui détruisent progressivement les spécificités issues des cultures traditionnelles tant dans les pays développés à économie de marché que dans les pays en voie de développement .- Au niveau de la production et de la consommation des biens culturels par exemple , les instruments de communication de masse américains tels que CNN ou CBS sont omniprésents dans la quasi totalité des pays ( avec l'anglais comme langue dominante ) ; le cinéma hollywoodien construit sur le principe de l'"entertainment" (divertissement en français ) contribue à soumettre de plus en plus la production cinématographique aux seuls impératifs du marché ( de nombreux produits dérivés accompagnent aujourd'hui les superproductions américaines ). Ainsi , selon le PNUD (rapport mondial sur le développement humain 1999) " le marché mondial des produits culturels subit une concentration , évinçant les petites entreprises locales . Les produits américains dominent de plus en plus le secteur du divertissement ( films , musique et télévision ), au détriment des produits de ce secteur dans les autres pays (…)".Cependant " (…) Si l'on considère la culture sous son aspect anthropologique au sens de M.J.Herskovits et de E.B.Tylor , il apparaît que la mondialisation de la production et de la consommation de certains biens directement ou indirectement culturels n'implique nullement une tendance à la disparition des spécificités culturelles . Ainsi selon J.P.Warnier , " Une enquête sur les vignerons d'Arbois révèle des hommes et des femmes qui allient le fût de chêne et la cuve inox dans une culture du vin qui confine au travail d'artiste. Telle école de danse de Madras transmettra des danses séculaires , en les adaptant aux besoins du temps . Un séjour dans les élevages andalous de taureaux de combat permettra au témoin attentif d'observer un groupe qui vibre aux lignées de reproducteurs et aux soins des animaux plus qu'aux prestiges de l'écran cathodique . Tous portent blue-jeans et boivent Coca-Cola mais leur vie est ailleurs et l'observateur superficiel n'y verra que du feu" .De même , si l'on assiste bien à la progression d'une culture de consommation mondiale , celle-ci ne se fait pas à sens unique , de l'Occident vers le reste du monde . Selon le PNUD (rapport mondial sur le développement humain 1999) " La salsa des Caraïbes, la cuisine éthiopienne et thaïlandaise et nombre d'autres traditions se propagent à travers le monde et de plus en plus de pays deviennent pluriethniques (…) le débat des anthropologues sur la question de l'homogénéisation culturelle reste ouvert . Aucune étude ne montre que les individus deviennent plus semblables les uns aux autres . Et si certains prétendent que la mondialisation est un processus idéologique imposant une culture mondiale , d'autres affirment que , même si les produits culturels circulent de par le monde les individus les reçoivent et les utilisent à leur manière" .Il est à noter que la présence de spécificités culturelles peut conduire à des stratégies d'adaptation de la part de la production industrielle de biens standardisés .C 'est ainsi que dans certains quartiers de grandes villes en France , les restaurants Mc Donald's proposent des produits Kasher ou Hallal en fonction des caractéristiques religieuses de leur clientèle (…). Face au phénomène de la diversité des sous- cultures et des contre -cultures dans les sociétés occidentales , on assiste depuis quelques années au développement d'une pensée multiculturaliste qui tend à remettre en cause la conception universaliste et unitaire de la culture . A la vision optimiste du processus d'intégration symbolisé soit par le "melting pot" aux Etats -Unis soit par le "modèle d'intégration républicaine" en France, la pensée multiculturaliste oppose une analyse qui met l'accent sur la coexistence des spécificités culturelles, - image du saladier ( Salad bow ) ou du jardin botanique ( botanic garden ), - et qui conduit par conséquent à repenser les problématiques de l'intégration , de l'égalité des citoyens et du droit à la différence .
Le débat sur le multiculturalisme ne se réduit pas à des opposition entre deux conceptions , celle revendiquant une culture , unitaire d'une part et , d'autre part , celle reposant sur l'idée d'une cohabitation figée , plus ou moins conflictuelle , de groupes sociaux aux idéntités culturelles spécifiques et incompatibles . A. Semprini , par exemple , propose une analyse plus nuancée et distingue quatre approches possibles du débat sur le multicuturalisme :
- Le modèle politique libéral classique ( …); le modèle multiculturel maximaliste (...), .le modèle du Corporate multiculturalism (..).; le modèle libéral multiculturel ou modèle de la " citoyenneté multiculturelle " (…) ce dernier " est principalement défendu par des auteurs tels que M.Walzer, C. Taylor ou W.Kimlieka.Il s'agit de montrer que le modèle politique libéral classique ne trouve aucune application concrète : dans la réalité des rapports sociaux, l'individu libéral n'existe pas, l'intégration sociale s'opère par l'appartenance communautaire. Le modèle libéral multiculturel souhaite donc que l'on reconnaisse le rôle des spécificités culturelles dans la constellation des identitaires. Il faut pour cela considérer que chaque groupe puisse être représenté légitiment au sein de l'espace public. Selon A. Semprini, " Si des formes d'autonomie et de reconnaissance sont reconnues à certains groupes, une zone de partage subsiste, où les groupes participant à une sphère commune. Cette- ci devient la zone qui assure " la tenue du système ".Pour les tenants du modèle libéral multiculturel, les trois premiers modèles souffrent d'un certain nombre de limites. Le modèle politique libéral suppose l'existence d'un espace public ouvert, égalitaire et ne tient donc pas compte de l'existence de communautés culturelles ; le modèle multiculturel maximaliste n'offre aucune réponse à l'enjeu de la gestion des différences culturelles : en revendiquant l'existence de groupes culturels autonomes et immuables on considère par la même que la société se réduit à une multiplicité d'espaces mono - culturels ; enfin le modèle de " corporate multiculturalism " se limite à un multiculturalisme de consommation .Ce qui ne modifie en rien les rapports de domination qui existent entre les groupes et ne permet pas de penser la question de la comptabilité des différences.
A ce propos, il serait instructif de se pencher sur le cas de la France, pays, qui de par ses caractéristiques démographiques, son histoire coloniale et sa tradition terre d'asile, est depuis longtemps un territoire d'immigration dans lequel la question de l'intégration des différentes minorités se pose avec une acuité particulière. C'est que depuis la révolution de 1789 la problématique de l'intégration se fonde pour l'essentiel sur le modèle républicain national : l'espace public de la citoyenneté impliquant que les individus acceptent de réserver leurs particularismes (spécificités culturelles, raciales, sexuées, religieuses etc). à la sphère privée. Dès lors l'étranger ou tout individu appartenant à un groupe spécifique, quelle que soit sa différence , est de fait intégré à la communauté nationale.Or, selon A. Semprini, " (…) les " vertus " du modèle républicain s'affaiblissent. Le modèle d'intégration traditionnel entre en crise, parce qu'il n'arrive pas à tenir ses promesses, parce qu'il n'assure pas l'égalité réelle de tous à l'intérieur de l'espace public (...) ". Face aux limites de ce processus d'intégration, on observe des minorités qui aspirent de plus en plus à une reconnaissance culturelle et politique, au risque d'un " repli communautaire ". la controverse autour du parti du voile à l'école au milieu des années 1990 illustre bien cette question. La mise en évidence de ce type d'événement dans les médias, les difficultés rencontrées par le ministère de l'éducation nationale à adopter une position claire, conduisent à opposer deux conception :
- Ceux qui sont favorables à l'application du principe d'intégration républicaine ce qui implique le refus de tour particularisme religieux dans l'enceinte scolaire ;
- Ceux qui considèrent, sur la base du principe du droit à la différence, qu'il s'agit la d'une revendication identitaire permettant aux individus de s'inscrire dans un processus d'intégration.
En fait, les études publiées à la suite de cette polémique en France et à l'étranger montrent qu'il ne s'agissait pas, dans la majorité des cas, d'un comportement manifestant soit de manière spontanée, soit sous la pression familiale ou associative, une résistance à la "culture occidentale " au nom d'une quelconque appartenance à une revendication identitaire, plus symbolique que religieuse, traduisant le fait que, pour les français nés de parents immigrés du Maghreb, le modèle d'intégration républicain conduisait plus à un processus de discrimination sociale et culturelle qu'à une situation d'égalité permettant l'exercice de la citoyenneté.Certains auteurs, à l'image de M.Tribalatou ou de D.Sehnapper, considèrent que le modèle d'intégration républicain continue de prévaloir mais qu'il est simplement soumis à des difficultés croissantes face à la montée des revendications multiculturelles et des revendications en terme de " droit à la différence ". Pour sa part, A.Touraine montre qu'il est possible de déterminer une voie médiane qui permette de rendre compatible égalité et différence. Ainsi, selon lui, " il n'y a pas de société multiculturelle possible sans le recours à un principe universaliste qui permette la communication entre les individus et des groupes socialement, et culturellement différents. Mais il n'y a pas non plus de société multiculturelle possible si ce principe universaliste commande une conception de l'organisation sociale et de la vie personnelle qui soit jugée normale ou supérieure aux autres ".(in : Sciences sociales, Sirey- éditions Dalloz- paris 2000).
- L' Identité entre tradition et modernité
Mais qu'en est-il , chez nous en Algérie ,ou dans le monde en général , sur ce phénomène de mondialisation et ce qu'elle entraîne comme métamorphose fulgurante de notre environnement quotidien avec le développement fantastique des moyens de communication, notamment audiovisuels et informatiques ( Internet, téléphonies portables, visioconférences, télévisions satellitaires, environnement architectural moderne en verre et acier de plus en plus uniformisé,etc. …) , auquel nous assistons depuis quelques décennies, au point que les différences entre les cultures du globe tendent de plus en plus à s 'estomper , et ce, d 'autant plus que des cerveaux , scientifiques et hommes d 'arts et de lettres etc. provenant des diverses contrées sous-développées et déshéritées du monde participent, chaque jour, à l'extension planétaire, multiraciale et pluriculturelle de ce que l'on a nommé précisément la " mondialisation " .Il est évident que la mondialisation déferlante repose sur le primat économiste et fait peu cas des spécificités culturelles des autres contrées non occidentales surtout, celles qui n'ont pas encore modernisé et démocratisé , peu ou prou, leurs structures sociales, étant assurément les plus menacées d'engloutissement. D'où la nécessité de relever, avant qu'il ne soit trop tard, les défis actuels, quels que soit leur acuité.. Faute de ne pas savoir comment faire face aux défis extérieurs, les empires mêmes s'écroulent, nous enseigne l'histoire des peuples et nations du monde aimait à répéter le grand historien Arnold Toynbee. Et parmi ces défis extérieurs, de l'heure présente, nous dit Noureddine Toualbi- Thaalibi , ( Dr en psychologie clinique et docteur d' Etat es lettres et sciences humaines de la Sorbonne), ce sont justement " ceux de la mondialisation et de la démocratisation sociale que nous imposent aujourd'hui les grandes puissances décidées à sévir partout ou la mauvaise gouvernance et défaillance de la souveraineté constituent une injure au modèle occidentalo -centriste triomphant ", ajoutant, " A partir de là l'Algérie qui résiste opiniâtrement au changement risque d'être , tôt ou tard, forcée de faire l'aveu de son impuissance à inscrire sa durée dans l'écoulement du temps historique.
Mohamed Ghriss


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