De notre envoyée spéciale à Ath Yenni Mekioussa Chekir baisser de rideau hier sur la 8ème édition de la Fête du bijou qu'abrite depuis huit ans déjà la plaisante commune des Ath Yenni sur les hauteurs de la wilaya de Tizi Ouzou. Devenue une tradition dans la vie culturelle de cette localité, cette manifestation qui fait le bonheur des villageois, des visiteurs et des bijoutiers exposants eux-mêmes s'achève néanmoins cette année sur un goût d'amertume : la cherté et la rareté des composants de ces bijoux séculaires n'a pas permis à tous d'en faire une véritable fête comme les années précédentes. Car, au-delà de la joie et de l'animation que procure un tel événement, il reste que l'objectif essentiel est de nature commerciale, les exposants aspirant à vendre et les visiteurs à acheter. Or, étant donné cette contrainte, qui revient du reste à chaque édition mais qui a pris des proportions démesurées cette fois-ci, ni les uns ni les autres n'ont pu trouver leur bonheur, en dépit d'une organisation jugée bonne, ce qui ne fut pas toujours le cas lors des précédentes éditions. Pour l'un des exposants, Ogal Mourad du village d'Aït Larbaa, les prix ne cessent d'augmenter au point qu'«on ne s'y retrouve plus». Si le kilogramme d'argent a atteint les 53 000 DA, les autres composants qui sont l'émail et le corail sont non seulement onéreux mais de plus introuvables. «Pour le moment, nous travaillons sur les anciens stocks que nous avons mais, s'ils s'épuisent, il nous faudra nous débrouiller pour trouver une solution. A cause de ce problème, nous sommes contraints de réduire notre marge bénéficiaire au maximum pour pouvoir écouler nos produits, on arrange le client autant qu'on peut juste pour ne pas se retrouver avec un stock de marchandises qu'on n'a pu écouler», se plaint notre interlocuteur qui se demande jusqu'à quand va durer cette situation. Venu du village mitoyen d'Aït Lahcen, M. Kerkouche affiche le même dépit et regrette qu'il y ait eu moins de visiteurs qu l'année précédente, à cause notamment, pense-t-il, du timing de la manifestation : «D'habitude, ça se tient de la fin juillet à la première semaine d'août ; or, cette fois, ça s'achève le 1er août alors que de nombreux vacanciers prennent leurs congés durant ce mois», explique notre interlocuteur qui estime qu'avec les prix quasiment deux fois plus chers des articles, les visiteurs ne peuvent pas se permettre d'acheter tout ce qui leur plaît. «Déjà avec la cherté de la vie, le bijou d'argent est devenu pour ainsi dire un luxe, les gens ont d'autres priorités !» renchérit-il avant de relever l'exploitation de notre corail par les Italiens au moment où les artisans algériens doivent faire des pieds et des mains et user de leurs connaissances pour se procurer ce précieux matériau. Et d'interpeller, par conséquent, les pouvoirs publics en vue de leur intervention pour venir en aide aux artisans bijoutiers qui sont «livrés à eux-mêmes» et, par-delà, sauver un métier et un savoir-faire menacés.