Photo : S. Zoheir Par Samira Imadalou Si la privatisation des entreprises publiques a réussi dans certains cas, comme pour l'Entreprise des produits rouges du centre (EPRC), elle n'a pas apporté les résultats escomptés dans d'autres cas. Si l'ouverture du capital de l'EPRC a été une réussite sur le plan des dividendes, du respect des clauses contractuelles et du maintien des travailleurs (selon les responsables du groupe), les objectifs assignés à cette opération par le gouvernement n'ont pas été atteints dans de nombreuses entités économiques. L'exemple de l'Entreprise nationale des gaz industriels (ENGI) est édifiant. Créée après la vague de restructurations de l'industrie algérienne de 1983 et issue de la division gaz industriels de la Société nationale de sidérurgie (SNS), l'ENGI s'est retrouvée en 2007 entre les mains du groupe allemand Linde en Algérie. Ce groupe a réussi à décrocher 66 % du capital de l'ENGI en juin contre 34% pour la partie algérienne après deux années de négociations. Mais, aujourd'hui, l'ex-ENGI n'arrive pas à assurer les besoins de l'Algérie en gaz industriels. D'où la pénurie des gaz industriels dans nos hôpitaux. Cette situation a provoqué l'ire du gouvernement. L'Etat algérien qui avait accepté d'être relégué au rang d'actionnaire minoritaire dans cette entreprise a regretté ce choix. Cela explique aujourd'hui le revirement opéré par l'Etat qui veut désormais rester majoritaire dans les entreprises nationales destinées à la privatisation.On s'attendait à ce que l'allemand Linde apporte un plus à l'entreprise en matière d'investissements productifs, de mise à niveau et de formation. Mais, aujourd'hui, c'est la grande déception. Initialement et conformément à l'accord signé entre les deux parties, un investissement de 80 millions d'euros pour concrétiser les projets du business plan était prévu. De même pour la mise à niveau du management global des unités de production relevant de l'entreprise. Or, aujourd'hui, les résultats sont loin de satisfaire le gouvernement. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a été le premier à le signaler lors de son passage sur les ondes de la radio nationale à la mi-mars. «L'entreprise allemande n'a pas respecté ses engagements», avait-t-il noté, regrettant également le fait que les deux cadres algériens membres du conseil d'administration n'aient pas signalé les «abus» des dirigeants de l'entreprise. «Ce qui m'effraie, c'est que l'Etat a deux cadres qui siègent dans le conseil d'administration au nom de ces 34%, et qui se contentent de percevoir -uniquement de percevoir- leurs salaires», avait déploré Ahmed Ouyahia dénonçant le fait que l'entreprise allemande ait décidé de ne pas investir. Et devenir ainsi maître à bord de l'entreprise pour importer le produit que l'entreprise exporte déjà en Tunisie. Le ministre de la Santé et de la Population est dans ce sillage quand il est revenu sur la question en soulignant la nécessité de recourir à l'importation du gaz à usage médical en raison de cette situation. Le ministre s'est même engagé à «récupérer et à nationaliser de nouveau cette entreprise afin d'éviter les coupures d'approvisionnement en gaz à usage médical». Le cas de cette entreprise vient nous rappeler que la privatisation devrait être opérée au terme d'une réflexion sérieuse, comme l'a souligné Ahmed Ouyahia, qui avait également relevé : «Nous avons besoin de leur savoir-faire et non de leur argent.» Cette situation et ce constat d'échec suscitent des interrogations. Qu'en est–il des résultats des autres opérations de privatisation ? En tout cas, l'absence de communication et de transparence rend l'évaluation difficile.