Le livre Guelma, 1945- Une subversion française dans l'Algérie coloniale de l'historien français Jean-Pierre Peyroulou est sous les presses des éditions Média-Plus de Constantine qui devront le faire paraître dans les prochains jours. Comme le dit si clairement son titre, avec ce nouveau livre, M. Peyroulou, professeur agrégé et docteur en histoire à l'Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris, revient avec le regard rigoureux et impartial de l'historien sur les douloureux événements de 1945 survenus dans le Constantinois.Déjà paru en France aux éditions la Découverte, le livre est préfacé par Olivier Baruch, directeur des études dans la même école que l'auteur. L'ouvrage se décline en trois grands volets : «Le système colonial à l'épreuve de la guerre des reformes et du nationalisme 1942-1945», «La subversion française de Guelma : une réponse à la poussée nationaliste 9 mai-27 juin 1945» et «A l'ombre de la raison d'Etat, l'illusoire refondation du système colonial 1945-1954». Dans l'introduction, l'auteur avertit : «Le présent ouvrage n'est pas une histoire générale des événements violents qui survinrent en Algérie française le 8 mai 1945 […], il s'intéresse à Guelma et à ses campagnes. Qualifier ces événements et leurs violences de “subversion française” peut surprendre le lecteur habitué à considérer le 8 Mai 1945 comme une insurrection nationaliste brutalement réprimée par la puissance coloniale, et annonçant la guerre d'Algérie […]. Il s'agit d'un mouvement subversif entrepris non pas par des Algériens mais par des Européens dans le département de Constantine - un département, certes, toujours français sur la carte politique et dans le cœur des Français, mais de plus en plus algérien par le nombre de ses habitants, la possession de la terre et la force du nationalisme;» Dans la 4ème de couverture, nous pouvons lire : «Les massacres de Sétif et de Guelma en mai-juin 1945 occupent une place croissante dans les mémoires : Français et Algériens s'en renvoient la responsabilité et discutent leur ampleur. Ce livre déplace la question de Sétif vers Guelma. Il resitue le massacre dans le temps long de la colonisation et dans une Algérie à la croisée des chemins depuis le débarquement de 1942, l'installation de De Gaulle à Alger, et l'affirmation d'une nation algérienne. Le nationalisme avait acquis une exceptionnelle intensité dans le Constantinois, peuplé d'une très forte majorité d'Algériens, où les Français se sentaient submergés. Le 8 mai 1945, jour des célébrations de la victoire alliée, la poussée du mouvement national algérien se heurta à une réaction européenne d'une rare violence : dans les semaines suivantes, des civils européens desserrèrent l'étau algérien en “purgeant” la région de Guelma de ses nationalistes -assassinant de centaines d'entre eux- et s'opposèrent à la politique des réformes. Un mouvement non seulement répressif, mais subversif, organisé, qui bénéficia de la participation des pouvoirs publics et des élus. Retraçant très précisément le déroulement de ce drame, cet ouvrage en propose également une réinterprétation. Jean-Pierre Peyroulou décèle en effet dans l'action des Européens des logiques subversives préfigurant celle de l'OAS en 1961-1962. Il examine le fonctionnement d'un Etat et d'une société coloniale qui élaborèrent une raison d'Etat rampante pour recouvrir la réalité et la nature des violences et les chemins tortueux qu'elle emprunta entre Guelma, Constantine, Alger et Paris…» Jean-Pierre Peyroulou signale par ailleurs que cet ouvrage, qui doit beaucoup à l'œuvre de Charles-Robert Ageron, Pierre Vidal-Naquet et Mahfoud Kaddache, tous les trois décédés, est issu d'une thèse soutenue en 2007 à Paris devant un jury parmi lequel siégeait l'historien algérien Mohammed Harbi. R. C.