Le football algérien entre-t-il dans une nouvelle phase ? Il est étonnant de constater à quel point un événement, quel qu'il soit, peut transformer en bien ou en mal le cours d'un secteur ou d'une discipline. Ces phénomènes, appelés parfois «tournants de l'histoire», déterminent l'évolution de sociétés entières. Simples faits divers au départ, ils bouleversent l'ordre des choses. En Algérie, le football est un phénomène social mobilisateur, stabilisateur et palliatif. En l'absence d'autres sources de défoulement collectif, le peuple se tourne vers le sport roi pour décharger son surplus d'émotions. Il chante pour le football. Il danse, crie, pleure, fulmine, défile pour le football. Le peuple s'identifie au club ou à l'équipe de son cœur. Les «Verts», «Fennecs» ou «Guerriers de Sahara» (surnoms de l'équipe nationale) rassemblent plus que n'importe quelle autre entité culturelle, sociale ou politique. L'EN suscite, chez le peuple, un sentiment qui dépasse le simple bonheur ou la tristesse d'un supporter. Cela a peut-être un rapport avec l'histoire (équipe de l'ALN). L'EN est un symbole du nationalisme algérien. Son parcours lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, sa qualification, sa prestation dans la CAN, ont porté aux nues tout un peuple. Jamais l'Algérie n'avait connu une telle euphorie. Jamais le drapeau national n'avait autant flotté sous ses cieux. C'était un «tournant de l'histoire», un «virage» qu'il s'agit de bien négocier, car il y va de la gestion à froid de l'évènement pour en faire un catalyseur du football national avec des répercussions durables dans le temps. Les premiers effets du parcours des «Verts» ont été presque immédiats, solidarité autour de l'équipe. Par effet d'entraînements, trois clubs du championnat national (CRB, ESS et JSK) font bonne figure sur la scène internationale, avec la réorganisation des clubs professionnels, du championnat, l' ouverture de débats publics sur le sport en général et le football en particulier, etc. Il reste juste deux facteurs déterminants, la communication et le suivi des opérations de «modernisation». La clé de la réussite de tout programme est la confiance. Nulle crédibilité, donc l'adhésion n'est pas envisageable dans l'opacité. La transparence dans la gestion est une condition sine qua non pour mobiliser, et cela ne peut se faire sans un bonne politique de communication. Alors, faites, messieurs les décideurs, et laissez les autres constater ! L'histoire s'écrit dans le futur. S. A.