«Le pouvoir veut fermer tous les espaces de liberté. Nous sommes obligés de nous battre.» La phrase de Mohand-Oussalem Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (SATEF) résume le sentiment des syndicats autonomes dont une partie a reçu ces derniers jours un autre coup dur. Le local qui abrite certains syndicats, appelé la maison des syndicats, a été en effet fermé sur décision du wali d'Alger. Résultat, le forum des syndicats maghrébins qui devait se tenir vendredi dernier dans cette salle a été transféré au siège du FFS. «On nous a frappé par procuration», a ironisé Rachid Malaoui, président du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP), scindé en deux ailes, qui loue le local depuis des années. Pourquoi cette décision ? «Elle vise à réduire de plus en plus les espaces d'expression», avance Sadali : «Ce rétrécissement des espaces de liberté peut conduire à une situation de chaos.» Cela est possible, selon lui, à cause de l'absence de plus en plus visible de la société civile. «En tout cas, le forum a lieu avec ou sans leur autorisation», assène Malaoui, qui entend déposer une plainte contre le wali d'Alger. La même démarche sera suivie, également, par le propriétaire du local. Ce dernier a, pour rappel, reçu un arrêté de fermeture, signé par le wali d'Alger. Il lui est reproché, entre autres, d'abriter des «activités illicites» et «des jeunes garçons et filles venus des autres wilayas du pays». Ces «arguments» sont, pour Mohand-Oussalem Sadali, une manière de «frapper les syndicats encore autonomes».La maison des syndicats, regroupée autour du SNAPAP, est composée essentiellement du SATEF, du CNES (version Cherbal), du SNAPAP et du CLA (Conseil des lycées d'Algérie, seul syndicat non agréé). C'est sous la houlette de ces organisations qu'est organisé, pendant deux jours, le forum syndical maghrébin. Plusieurs organisations syndicales, venues du Maroc, de Tunisie, de Mauritanie, d'Egypte, du Sénégal, de France et d'Italie, prennent part à ce rendez-vous. Il est question de débats et d'échanges d'expériences entre les différentes organisations et pays. Ces syndicats font partie également de la section maghrébine du Forum social mondial. Leurs rencontres se tiennent régulièrement dans l'un des pays représentés, même si cela n'est pas possible dans certains pays. «En Egypte, on ne peut pas disposer d'un local comme celui-ci», témoigne le représentant de «Enseignants sans syndicat» venu d'Egypte. La situation est encore plus difficile en Tunisie où les syndicats autonomes ne sont même pas reconnus.En revanche, une rencontre des syndicats africains, organisée sous la houlette de l'UGTA, est autorisée. Elle se tient à l'hôtel El Aurassi. A. B.