De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali L'été est à nos portes et Oran se débat toujours avec ses ordures et ses déchets. Ces derniers jours, les habitants ont encore eu à le vérifier avec les vents qui se sont abattus sur la cité, faisant tournoyer sachets et papiers dans les artères principales : «C'est malheureux pour une ville dont on ne cesse de vanter la beauté à travers les médias officiels. Mensonges : Oran est sale et le restera encore longtemps», dénonce un citoyen outré par l'état de la ville. «''Oran, ville propre'' [programme lancé par les autorités locales en avril dernier, ndlr] n'a aucune chance de réussir parce que les structures communales chargées de son application n'ont pas les moyens nécessaires. Par ailleurs, je ne pense même pas qu'il y ait une volonté réelle de changer les choses», explique-t-il encore. Pourtant, depuis début mars dernier, les responsables de la ville ne cessent d'exprimer leur détermination à combattre la saleté, notamment à travers la mise en place d'«Oran, ville propre» qui ne consiste pas seulement en des opérations de ramassage d'ordures et d'éradication de points noirs mais également en la sensibilisation des citoyens aux bons réflexes et des écoliers au civisme et à la protection de l'environnement. Soit, selon les responsables communaux, un programme qui s'inscrit dans la durée et requiert la participation de tous «pour parvenir à définitivement éradiquer la saleté». L'ombre de Kehaïlia En mars déjà, une opération d'éradication de 56 points noirs avait commencé dans les quartiers de Sidi El Houari et Plateau Saint-Michel où, avec la participation de comités de quartier, des équipes communales avaient entamé le nettoiement des rues dont certaines croulaient sous les immondices : «Le citoyen doit également apprendre à respecter les horaires de passage des camions de collecte des ordures et ne pas jeter les déchets n'importe comment et en n'importe quel endroit», insistent les responsables de la ville à travers les médias. Par ailleurs, toujours selon les mêmes responsables, un comité de l'exécutif communal s'est attelé à la réorganisation de la division de l'hygiène et de l'assainissement afin d'en améliorer le fonctionnement et d'en optimiser le rendement. Au cours d'une journée d'étude organisée à l'Institut technologique de la santé, à laquelle quelque 200 participants ont pris part (médecins épidémiologistes, inspecteurs d'hygiène, techniciens de la santé publique, représentants du mouvement associatif ou de l'éducation), les promoteurs d'«Oran, ville propre» ont retracé les objectifs attendus du programme et invité l'ensemble des citoyens à y prendre part en respectant les règles de civisme et en libérant les espaces encombrés par les amas de détritus. Dans une des communications, une épidémiologiste de la direction de la santé et de la population a rappelé qu'en 2007 il avait été relevé trois cas de dysenterie, 29 d'hépatite virale A, 636 cas de gale, plus de 3 000 morsures d'animaux, 11 cas de kyste hydatique… Un constat qui n'a pas été sans réveiller le douloureux souvenir de la survenue, en 2003 à Kehaïlia, de la peste qui avait provoqué quelques décès, suscitant l'inquiétude jusqu'au sein de l'OMS. Entre les décharges sauvages, les points noirs, les caves inondées, les quartiers non encore dotés de réseaux d'assainissement…, la ville d'Oran n'a pas fini de combattre l'insalubrité.