Photo : N. Hannachi De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les mélomanes constantinois se sont offert une heure de délice mélodieux dimanche soir dernier au Théâtre régional de Constantine où se tient la 8ème édition du Festival international de jazz de Constantine, Dimajazz. Avec Malik Mezzadri, leader du groupe Magic Orchestra, la flûte traversière reprend ses clés pour s'imposer comme instrument principal dans une formation de jazz. Ses sons ont retenti au TRC grâce au souffle harmonieux de cette figure sideman assez convoitée par les troupes musicales. «C'est du jazz contemporain associé à des influences de world music que je joue», dira-t-il à la fin de sa majestueuse prestation qui n'était pas trop jazz de l'avis de quelques mélomanes, mais envoûtante par la richesse de l'orchestration et la sonorité de la flûte. Le public sera charmé par les prouesses de l'artiste qui métissait des sons d'Afrique, de Guadeloupe, d'Europe, avec son instrument qu'il vénère. «Tous les flûtistes de jazz ajoutent de la voix à l'instrument» dira un adepte de Roland Kirk, instrumentiste de jazz. Malik sera applaudi à chacune de ses interprétations. Ses exécutions sont des impros. «C'est un nouveau style, un nouveau genre que l'on a écouté ce soir. Ça m'a fait rêver, et j'ai aimé», commentait un groupe. Malik prête sa technicité vocale en intro à chaque morceau. Rythmées en syncope ou sur le temps par le batteur Franck Vaillant, les notes qui se dégageaient de la flûte apportaient une consonance agréable à l'oreille, même si le pianiste «peu électronique» Jozef du Moulin plaquait des accords parfois dissonants mais demeurant dans la coloration propre au jazz. Malik n'interprétera pas de standards. Il flirte cependant avec la personnalité de Steve Colman et se dit impressionné par le compositeur Morton Feldman : «Pour moi, la musique est ouverte et tout dépend du moment donné pour imposer un quelconque style.» Cette notion de Malik est d'autant justifiée par ses tendances musicales très élargies. Il y a à peine quatre jours, il a sorti un nouvel album, Don't feed the burds, totalement groove. Le premier album solo est sorti en 2000, 69 96. Magic Orchestra a pu apporter un autre genre, un autre style à cette manifestation. La seconde partie de la soirée épousera des colorations africaines ! Point de mélomane assis. Ba Sissoko qui vient de Guinée a mis de l'ambiance et fait danser le public. Comment résister à la rythmique africaine menée par la kora ? D'emblée, Kimintan Cissoko au chant et joueur de cet instrument africain annonce la couleur : «On va danser, on va faire la fête.» L'assistance ne se le fera pas dire deux fois et se laisse transporter par les premières notes. Les cinq artistes excellaient chacun dans son instrument et offraient une fiesta africaine de haute facture. «Ce que j'aime, c'est surtout ces passages à la guitare presque regga mais propres à l'Afrique», dira Lamine. Sekou Kouyate à l'électrique kora jouera à l'unisson avec Cissoko, invitant le guitariste Mamadou, coiffé d'un chapeau noir, à le soutenir avec des rythmiques qui font le bonheur du batteur Alhassane, présent par ses enchaînements agréables au long de la soirée. Le public réagit au quart de tour, les pieds pris par le rythme. Le DimaJazz a marqué une pause hier. Aujourd'hui, c'est une autre soirée enflammée qui s'annonce avec Alain Caron.