La célébration du Congrès de la Soummam a été marquée à Béjaïa par une série d'activités qui n'ont de valeur que celle d'illustrer la situation de normalisation dans la région. Une normalisation qui a débuté déjà il y deux ans, soit depuis que les archs ne sont plus maîtres à bord. On était loin, jeudi dernier, de la période d'empêchement qui a émaillé les années 2000. Ifri était ouverte aussi bien aux officiels qu'à l'opposition. Chacun y est allé de sa manière pour célébrer cette date qui marqué un tournant décisif dans l'histoire de la Révolution algérienne 1954-1962. Avant-hier matin, le secrétaire général de l'Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec) était aux côtés de la délégation officielle, conduite par le wali de Béjaïa, Ali Bedrici, pour se recueillir au carré des martyrs. L'opposition n'était pas en reste puisqu'elle a aussi marqué sa présence par la tenue de conférences et le dépôt de gerbes de fleurs. La célébration de cette date symbole pour tous les Algériens a été une occasion pour tout le monde de s'exprimer, loin des interdits. S'il y a quelques années, le Mouvement citoyen, qui a conduit les événements d'avril 2001, était l'unique acteur, aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Tous les acteurs politiques étaient au rendez-vous dans un climat de sérénité même si la polémique était également au rendez-vous. Une polémique liée essentiellement au nombre de chahids, dont certains doutent pendant que d'autres les dénoncent allant jusqu'à les accuser de «travailler l'intérêt de la France». Le secrétaire général de L'Onec était de ceux-là. Sa présence à Béjaïa pour officier les travaux du Festival national de la chanson patriotique et la célébration officielle du 53e anniversaire a été pour lui l'occasion de tirer à boulets rouges sur «ceux qui doutent». De son côté, l'opposition n'a pas manqué de répliques usant, elle aussi, d'un langage virulent à l'égard du pouvoir et de tous ceux qui lui sont proches. L'exploitation politique de l'événement est un secret de polichinelle. Les politiques, qu'ils soient officiels ou dans l'opposition, sont devenus l'espace d'un jour, de véritables historiens. Chacun y est allé avec sa vérité sur un Congrès qui a donné de véritable bases pour la Révolution algérienne. Au-delà de la polémique et de petits incidents sans valeur relevant plutôt de la gesticulation, le Congrès de la Soummam a été revisité par tous. Il reste un événement symbole pour tout le peuple algérien. Sa célébration était un acte de reconnaissance pour ses artisans. Quand bien même il y eut des lectures différentes, tout le monde était d'accord pour reconnaître toute l'importance de cet événement dans le processus révolutionnaire et pour la mémoire.