Le contrôle des denrées alimentaires s'amplifie durant la période des chaleurs. Du fait, vu le danger que représente une grande partie des produits alimentaires, la vigilance du citoyen reste de mise. Ce dernier, parfois dépourvu des connaissances appropriées, est souvent confronté à un dilemme à cause de la complexité de la tâche. Pendant l'été, alors que la consommation des produits hautement périssables augmente, des intoxications alimentaires sont signalées ici et là, notamment dans les grandes agglomérations. Plusieurs répondants font partie du puzzle qui constitue la chaîne de consommation. Du producteur au transformateur en passant par les grossistes et les commerçants, les citoyens sont la cible finale sur laquelle s'abattent les calamités inattendues. Si pour les uns le désordre, qui règne en maître dans les marchés, est un élément ou un facteur aggravant, d'autres n'hésitent pas àexprimer et crier haut et fort leur dégoût de voir des produits censés être à l'abri de la moindre chaleur exposés en plein soleil. La chaîne de froid est ainsi violée, par malheur le citoyen se trouve exposé à un danger réel. Le nombre des intoxications en Algérie a, certes, régressé sensiblement (90 00 cas en 1999 à 3 500 cas en 2007), mais est-il suffisant pour atteindre un seuil pour dire que l'objectif est acquis ? Les Algériens, dont le mode alimentaire n'as pas de couleur, restent ainsi des cobayes pour certains commerçants qui ne connaissent de leur profession que le nom. Le ministère du Commerce en voulant sortir du cercle habituel, a mis le cap sur la proximité en organisant une caravane pour sensibiliser les citoyens et les commerçants. Le département ministériel justifie cette action par son apport et sa portée. Car les rencontres nationales et régionales entre spécialistes restent limitées à une catégorie donnée, donc sans effet sur le simple citoyen, alors que ce dernier est le pilier et l'objectif de toute politique. Il est de notoriété publique que ce phénomène n'est pas dû uniquement à un laxisme ou aux négligences des commerçants. Mais le phénomène dépasse de loin ces limites. Le produit en lui-même pourrait être déjà porteur d'un germe ou de composition, qui aggrave les risques, provenant des unités de production. Exemple : des agents de contrôle du ministère ont refusé l'entrée de pas moins de 1 300 produits pour non-conformité aux standards nationaux en vigueur, notamment l'absence de la marque ou de la composante du produit. Cela mérite amplement d'être mis en exergue. Durant l'année dernière, également, des analyses effectuées sur des produits de consommation ont révélé que 40 % des échantillons pris sur les produits de consommation, notamment les viandes, les produits laitiers et les boissons, étaient non conformes à la consommation, ce qui reflète amplement des dysfonctionnements et parfois des tricheries au niveau de la production. Cependant, la cote d'alerte est perçue ailleurs, lors du stockage, le transport et même la présentation du produit. Le ministère a recensé, uniquement pour le premier semestre de cette année, 148 000 interventions effectuées par des équipes de contrôle de la qualité et de la répression de la fraude, au niveau national. Une opération qui a permis de constater 26 000 infractions ayant donné lieu à 24 000 poursuites judiciaires ainsi qu'à la décision de fermeture de 1 200 locaux commerciaux. En 2007, le département de Djaâboub a enregistré 48 000 infractions, 44 600 poursuites judiciaires, la fermeture de 4 330 locaux et l'interdiction d'accès à 16 400 produits importés non conformes suite à 326 000 opérations de contrôle. Même si la lutte contre ce phénomène reste l'apanage des services de contrôle et des Douanes, il n'en demeure pas moins que le citoyen est, faut-il le dire, le maillon fort de ce contrôle, puisque seul le citoyen peut relever les défaillances, les manquements et même des escroqueries. Car, et c'est un point positif, le citoyen peut être partout et à n'importe quel instant. Ceci peut se traduire par une culture qui doit apparaître ou voir le jour afin de mieux partager les efforts entre l'ensemble des parties concernées. Le département ministériel, devant cet état de fait, a déjà opté pour le renforcement des moyens humains, seuls à pouvoir faire un travail continu et efficace. Un total de 1 000 agents de contrôle de la qualité et de la répression des fraudes seront recrutés dans les deux années à venir, annonce le ministère qui rappelle que près de 4 000 agents chargés du contrôle de la qualité exercent actuellement au niveau des directions du commerce. Mieux, le département du commerce s'emploie à recruter en moyen 500 agents chaque année. L'Algérie connaît, pour les intoxications signalées, quelque 5 000 cas annuels. Ils sont généralement dus à des produits de consommation souvent périmés lors des cérémonies et des différentes fêtes. En somme, un mode alimentaire qui n'a aucune base reste toujours l'élément déclencheur. Pour beaucoup de nos concitoyens, le contrôle qui fait défaut a causé des catastrophes qui ont, dans certains cas, emporté des vies humaines. Les exemples sont légion. Le ministre du Commerce a reconnu récemment l'existence d'un manque en matière des normes de contrôle et a même affirmé que le problème reste posé. La caravane organisée dernièrement par le département du commerce sous le slogan «il vaut mieux prévenir que guérir» qui a sillonné le pays dénote l'importance de sensibiliser les consommateurs quant aux dangers des produits alimentaires notamment les laitages, les viandes et les boissons. Pour les statistiques relatives cette saison estivale, un responsable du ministère a affirmé que pour le moment le travail des contrôleurs est en cours à travers le pays. Cette question d'actualité demeure cruciale concernant la santé publique. Pour cela, la sensibilisation des consommateurs, qui passe via de multiples canaux de communications, mérite d'être appuyée par les pouvoirs publics. Mais sur un autre volet, le respect de la chaîne de froid, primordiale en été, reste une exigence pour les commerçants mais aussi les distributeurs des produits alimentaires. S. B.