à bien regarder les changements opérés par le chef de l'Etat dans le staff de l'Exécutif, il est évident que ces derniers répondent à des impératifs bien précis et sciemment étudiés : Les remaniements concernent des secteurs qui ont besoin d'une seconde vie, d'un nouveau souffle et surtout… d'une nouvelle image de marque. En remplacement de Chakib Khelil, Youcef Yousfi a été nommé ministre de l'Energie et des Mines, un secteur qui n'a jamais autant été sous les feux de la rampe que ces derniers temps en raison des scandales de corruption qui ont impliqué ses principaux dirigeants et cadres, porté atteinte à la stabilité et entaché la réputation d'une entreprise de l'envergure de Sonatrach. Il apparaît clairement que le choix de confier les rênes de ce secteur névralgique pour l'économie algérienne à une personne qui en a déjà assumé les fonctions et qui en connaît les entrées répond au souci de redonner une virginité au secteur notamment au plan international et ce, en entamant le changement par le sommet. Il en est de même pour un autre secteur tout autant marqué par une situation de déliquescence, de démission et de flou, celui de la poste et des technologies de la communication et de l'information, confié à Moussa Benhamadi, un enfant de la boîte, jusque-là épargné par les affaires de corruption et de malversations qui ont mené en prison des cadres parmi ses proches collaborateurs alors qu'il dirigeait Algérie Télécom (AT) pendant que d'autres sont cités dans des affaires en cours de jugement. Le climat malsain qui a ainsi prévalu dans cette entreprise a été tel que certains ne se risquaient pas à accepter des postes de responsabilité qui auraient été les bienvenus en d'autres circonstances. Il s'agit donc prioritairement pour Benhamadi de faire oublier ces épisodes de corruption et de cacophonie qui ont gangrené cette entreprise publique qu'il dirigeait au moment où des défis ont été lancés, s'agissant notamment de la démocratisation de l'accès des citoyens aux nouvelles technologies de l'information (Internet, téléphonie mobile…). La gestion de l'affaire Orascom Télécom Algérie (OTA) et les questions qui entourent son proche devenir devront aussi être dans les priorités du nouvel occupant de ce département. L'arrivée de l'ex-directeur général des domaines, Mohamed Benmeradi, à la tête du ministère de l'Industrie qui a hérité de la petite et moyenne entreprise ainsi que de la promotion de l'investissement réussira-t-elle à faire sortir ce secteur de l'apathie qui l'a caractérisé depuis de longues années et pour lequel les différentes stratégies appliquées n'ont pas pu grand-chose ? On retiendra, tout au moins, du nouveau ministre une probité qui lui a été reconnue tout au long de son évolution dans de hautes fonctions au ministère des Finances. Parce qu'il demeure toujours parmi les secteurs vitaux mais qui ont aussi du mal à décoller, le Tourisme et l'Artisanat ont à nouveau droit à un département ministériel à part que dirigera Smaïl Mimoune, qui quitte le département de la Pêche et des Ressources halieutiques. Même si ce détail ne constitue pas nécessairement un critère de performance, eu égard aux résultats peu convaincants des précédents ministères. Le tourisme continue de souffrir d'un manque de visibilité à moyen et long terme et à être géré par à coups et de manière conjoncturelle comme si les pouvoirs publics s'entêtaient à ne pas reconnaître les opportunités insoupçonnées qu'il recèle. Le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques sera encore une fois confié à un ministre d'obédience islamiste, puisque le nouveau, Abdallah Khanafou, n'est autre que le responsable du Mouvement de la société pour la paix (MSP) à Tlemcen. Autre secteur d'importance qui a été concerné par le dernier remaniement, celui de la communication, confié à ancien professionnel du journalisme, l'ex-directeur de l'APS, Nacer Mehal, qui remplace ainsi Azzedine Mihoubi, dont le passage n'a pas été particulièrement remarqué. Le nouveau ministre aura aussi principalement pour tâche de poursuivre les chantiers lancés jusque-là, à l'instar du projet de la loi sur l'information et qui intéresse directement la corporation journalistique. Rappelons enfin que Ali Boukrami a été nommé secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Prospective et des Statistiques, chargé de la statistique alors que Halim Benatallah l'a été comme secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la communauté nationale à l'étranger. M. C.