Tout semble indiquer que les luttes intestines au MSP ont de beaux jours devant elles. Motif : l'aile Menasra, aux prises avec celle de Bouguerra Soltani pour le contrôle du parti, bien qu'ayant lâché du lest, n'en démord pas. Quelques mois après le 4ème congrès, les partisans de Menasra ne s'avouent pas vaincus, puisqu'ils refusent de siéger au conseil consultatif national, madjliss echoura. Le différend a été porté devant la confrérie internationale des Frères musulmans pour une médiation. Les délégations représentant les deux ailes, dépêchées à Londres, sont revenues bredouilles. Le fossé s'est creusé davantage, l'aile Menasra exigeant que Soltani gèle sa participation au gouvernement et ouvre le bureau national à ses éléments. En réponse, les représentants du président du parti diront s'en remettre aux instances. Les discussions autour du plan visant à rapprocher les points de vue ayant achoppé, on en est revenu à la situation d'avant le 4ème congrès où la crise avait tenu le haut du pavé. Cela démontre à l'évidence que le clivage est beaucoup plus profond qu'il n'en a l'air. Preuve en est, la direction est accusée de falsification des statuts, ce qu'elle nie, bien sûr, en affirmant s'en tenir aux respects des décisions des instances, notamment le congrès. Le décor est ainsi planté. Le MSP de Soltani II, qui n'avait pas les faveurs de la confrérie des Frères musulmans en raison de sa participation au gouvernement, renvoie la balle dans le camp adverse en insistant sur son indépendance vis-à-vis des pressions extérieures. C'est ce qu'a déclaré le porte-parole et chargé de l'information du parti : «Il faut se mettre à l'évidence que nous n'accepterons jamais les ingérences dans les affaires internes de notre mouvement.» En faisant état de «gens extérieurs au parti», sans les nommer, qui interfèrent dans la gestion du parti, le porte-parole du MSP rappellera que les instances habilitées à prendre les décisions sont le congrès, le madjliss echoura, le bureau national, etc. «Nous sommes très jaloux de notre indépendance», a-t-il martelé, en rappelant que des émissaires ont été effectivement envoyés par le parti pour régler un différend interne. «Des gens persistent à refuser de siéger au madjliss echoura. Pour cela nous avons accepté la mission de réconciliation», dit-il, ajoutant qu'«il est hors de question que l'on nous dise qui doit être dans le bureau national parce que c'est contraire à nos statuts». Cela se passe dans une phase où le parti a engagé une opération de restructuration de ses rangs au niveau des communes et des willayas, 6 mois après le congrès. Les premières évaluations lors d'une réunion tenue hier montrent que 42 wilayas ont déjà commencé le processus, lequel connaît un ralentissement dans 6 autres wilayas, dont Alger, Batna, Laghouat et Saïda, en raison des départs en congé. Tout en minimisant l'impact de ce différend sur l'opération de restructuration en cours, eu égard au nombre réduit des personnes représentant l'autre aile, Djemaa rappellera que sur les 266 membres, 213 seulement ont assisté à la dernière session du madjliss echoura, aux Pins Maritimes à Alger. Selon lui, ce nombre d'absents ne reflète pas forcément celui de ceux qui ont boycotté. Pour la conduite à tenir, le porte-parole du MSP dira que, dans une première étape, «nous allons essayer de préserver nos rangs et, à défaut, des mesures seront prises à l'encontre de ceux qui persistent à boycotter les instances», indiquant que «le règlement intérieur est clair : le militant qui cumule 5 absences aux réunions sera traduit devant la commission de discipline». Bouguerra Soltani, qui avait brandi la carte de la discipline devant ses détracteurs au lendemain de sa réélection par le congrès, ira-t-il au bout de sa logique ? A. R.