La scission, qui était latente, est définitivement consommée au MSP, suite à la création par les partisans de Abdelmadjid µMenasra de leur propre parti : le Mouvement de la prédication et du changement. Une quarantaine de signataires, dont des cadres, prédicateurs et parlementaires, qui se recrutent parmi l'«aile du changement» du MSP, notamment Abderrazak Achouri, Farid Hebbaz, Ahmed Dane, Ahmed Chenine, ont, dans un communiqué rendu public dimanche dernier, avancé dix raisons à leur démarche sécessionniste. Les membres fondateurs de ce mouvement ne tarissent pas de reproches à l'aile de Bouguerra Soltani, lui imputant «l'impasse à laquelle est arrivée le dialogue», «la déviation de la ligne tracée par feu Mahfoud Nahnah» et «les manœuvres aux conséquences incalculables ayant porté atteinte à l'image du parti», «la falsification du statut du mouvement», «la marginalisation»… Le communiqué accuse également l'aile de Bouguerra Soltani d'avoir encouragé la «fitna» entre les militants du MSP, et d'être responsable de la régression du parti sur les plans interne et infranational. Il précise, d'autre part, que ce mouvement, ouvert à tous les Algériens, défend les libertés, tout en accordant la primauté de son activité aux questions internes et à la prédication. Pour sa part, la direction du MSP a, en réaction à cette annonce, dénoncé dans un communiqué ce qu'elle qualifie de «création d'une nouvelle structure en dehors du mouvement», indiquant que cette action a été précédée de tant d'autres qui visaient à trouver des subterfuges pour échapper aux résolutions des instances légitimes et de saborder toute mission de bons offices. La direction du MSP indique en outre que «le cadre du mouvement reste suffisant pour contenir tous les militants du parti et que les portes du mouvement restent ouvertes. Les résolutions du quatrième congrès demeurent la seule référence à laquelle les militants doivent se soumettre et que celui qui passe outre est libre de chercher d'autres». Enfin, le communiqué estime que «celui qui ne peut pas s'accommoder des instances du parti, au sein duquel la liberté d'expression est garantie, ne doit pas chercher des excuses pour sortir de la légalité». Tout compte fait, la direction semble avoir été prise au dépourvu par cette action des partisans de Menasra, puisqu'elle indique dans son communiqué qu'elle était occupée par l'élection présidentielle. La création du parti de Menasra n'était pas, en fait, une surprise pour les observateurs ayant suivi les péripéties de la crise qui secoue le MSP depuis le quatrième congrès. Elle est surtout le résultat de l'échec de la mission de bons offices menée à Londres sous l'égide des Frères musulmans, d'où le soutien apporté par cette branche à la création du «mouvement de prédication et du changement», après avoir émis une fetwa à travers laquelle elle gelait les instances issues du quatrième congrès du MSP. Et ce, contrairement à la branche cairote qui avait levé la couverture politique et idéologique sur les deux protagonistes afin de les inciter à la réconciliation. Cette crise larvée au sein du MSP, suite à une bataille de leadership ayant mis aux prises Bouguerra Soltani, soutenu par une partie du conseil national, et Abdelmadjid Menasra, qui a les faveurs d'un groupe de députés, les membres fondateurs et la famille de feu Nahnah, s'est manifestée en vérité depuis le 3e congrès, au cours duquel Soltani a eu le dernier mot. En 2006, lorsque ce dernier a accepté le poste de ministre d'Etat sans portefeuille au sein du gouvernement de Abdelaziz Belkhadem, le MSP a alors vécu une véritable crise, ponctuée par la démission de plusieurs membres du bureau national. Les détracteurs de Bouguerra Soltani lui reprochaient surtout d'avoir «dévié» de la ligne tracée par feu Mahfoudh Nahnah de cumuler les fonctions de président du parti et de ministre. A. R.