Le coup d'envoi de la plus importante épreuve mondiale sera donc donné demain et les Africains ne marqueront peut-être pas leur présence en masse dans les stades sud-africains. Certains ne comprennent pas l'absence du public pour un événement aussi important. C'est simple, et c'est difficile d'expliquer rationnellement ces absences. Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte. La distance (des milliers de kilomètres), la crise économique et l'insécurité sont largement évoquées par les médias. Les statistiques sur la violence en Afrique du Sud cachent bien d'autres réalités et les supporters, s'ils restent vigilants, ne doivent pas avoir de craintes particulières. Ce grand rendez-vous planétaire labellisé FIFA risque de voir le public peu nombreux répondre à l'appel du pays de Nelson Mandela en dépit de la baisse des prix. Il y a aussi l'apport des autorités pour la réussite d'une telle manifestation. Toutefois, il faut des efforts supplémentaires pour voir un grand nombre de supporters affluer pour le premier Mondial africain. Ces trois facteurs sont pourtant similaires aux Européens, qu'ils soient Britanniques ou Allemands. Cela ne les empêchera pas de se déplacer en petit nombre en Afsud. Les Français sont moins représentés avec le chiffre surprenant de 4 000 supporters attendus. En comparaison avec les Britanniques (97 000 billets), les Allemands (40 000), la France fait figure de parent pauvre des grandes nations de football. Plus étonnant encore, la nation qui aura le plus de supporters sera les Etats-Unis (110 000 billets), pourtant ce n'est pas une terre de football. L'Australie non plus d'ailleurs. Mais avec 43 000 billets vendus, ses supporters seront en masse. Ceux des Pays-Bas ne se sont pas rués sur la billetterie avec 2 500 tickets écoulés. Les amateurs de football qui n'effectueront pas le voyage au pays de l'arc-en-ciel ont, pour une des rares fois, grand tort. Ils vont rater un des plus grands spectacles. La cherté de la vie, l'éloignement, la malnutrition, la pauvreté, l'illettrisme, la situation sanitaire désastreuse font du continent africain une des premières victimes du Mondial. Si de 1960 à 1980, les pays d'Afrique ont enregistré des progrès sensibles en matière de développement économique et social, ces progrès se sont ralentis, notamment du fait des effets désastreux des plans d'ajustement structurel menés par les institutions financières internationales. Plus le monde fait des progrès technologiques, moins il produit de richesses pour les deux tiers de la population africaine à cause du chômage endémique…. Toujours est-il que les problèmes liés au chômage, à la pauvreté et à l'érosion du pouvoir d'achat continuent de s'étendre tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, avec un nombre toujours plus élevé de jeunes Africains exposés au chômage ou cantonnés dans des emplois précaires. Les jeunes issus de groupes sociaux défavorisés sont particulièrement touchés, perpétuant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Ces aléas ne déteindront pourtant pas sur la Coupe du monde, la première sur le continent africain, le président sud-africain Jacob Zuma a assuré que son pays était «plus que prêt» à l'accueillir, même si certains ont essayé de minimiser les sacrifices consentis pour sa réussite. «Les longues heures d'un dur travail ont fini par payer : l'Afrique du Sud est plus que prête», a-t-il dit lors d'un point de presse à Pretoria à deux jours du coup d'envoi de cette première Coupe du monde africaine (11 juin–11 juillet). Sepp Blatter, le président de la Fédération internationale de football (FIFA), a vivement félicité le pays hôte pour son travail de préparation et a estimé que l'Afrique entière pouvait être «fière», même si «tout n'était pas parfait». La FIFA a immédiatement souligné que le public africain sera au rendez-vous et qu'elle restait «entièrement confiante» dans le succès de la grand-messe sportive. Celle-ci suscite déjà la fièvre dans la population locale. L'enthousiasme, la joie et l'excitation qui se sont emparés de toute l'Afrique au cours des derniers mois n'avaient pas atteint un tel niveau depuis la clôture de la CAN 2010 en Angola. Y. B.