Photo : Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili El Hadi Zerbita fait partie du lot des jeunes artistes vivant à Constantine que ceux qui détiennent les clés de la culture feignent d'ignorer ou ignorent sciemment parce qu'il n'entre pas dans leur mode de pensée, de fonctionnement et plus crûment parce que forcément naturel, autrement dit rebelle comme tout jeune qui se respecte et refuse de faire partie de la valetaille, ces artistes autoproclamés ou cooptés, plus fonctionnaires qu'autre chose. Dans son émission hebdomadaire, l'association Miracle des Arts lui a quelque part servi de tremplin, et ce n'est là qu'un juste retour des choses, en lui accordant un temps d'antenne durant lequel il a fait étalage de son talent de guitariste.Une guitare qu'il a choisie pour compagne depuis l'âge de 14 ans. Il en a aujourd'hui 26 et comme tout jeune Algérien diplômé qui respecte les conventions établies il est donc au chômage. Son diplôme d'ingénieur d'Etat en informatique n'étant utile que pour décorer un mur du salon et meubler un CV dramatiquement vierge à l'exception d'un cursus intellectuel sans faute. En marge de l'émission «Oxy-Jeunes», il nous parlera de sa passion pour la guitare, de l'influence de maîtres incontestés de l'instrument à cordes, citant dans la foulée «Paco de Lucia, Vicente Amigo, Gerardo Nûnez». Comme il évoquera ses rares incursions sur une scène publique comme celle dont l'opportunité lui a été offerte par le Centre culturel français via une manifestation consacrée à la guitare et organisée par Miracle des Arts. Il nous confiera aussi sa joie d'avoir rencontré à Sétif, lors d'un festival, un public connaisseur et passionné de musique instrumentale et plus particulièrement de guitare flamenca. Flamenca… flamenco, le mot est jeté. El Hadi en sait des tonnes sur ce genre musical, universel et qui fait l'histoire de tout un pays, voire des nations qui ont relevé de son autorité coloniale jadis. Il a d'abord fréquenté le conservatoire durant une année avant de s'en retourner à la formation autodidacte parce qu'«elle permet de prospecter de nouveaux territoires, de dépasser des frontières établies, voire un ordre établi dans le domaine de la musique». Mais dans la vie de tous les jours a-t-il les moyens d'affirmer une telle liberté, de partager une telle passion ? «Ce n'est pas évident. Excepté le fait de me faire plaisir, faire plaisir à mes copains et à ma famille car, en raison de la mainmise unilatérale et à la limite de l'autoritarisme d'une poignée de personnes sur tout ce qui touche à la culture à Constantine et plus particulièrement quand la forme d'expression sort du conformisme, il relève de la gageure d'espérer casser un tel carcan et se faire accepter dans la cour des grands sans faire de concessions.» Alors bon vent, l'artiste et fasse que des puristes découvrent un tel talent et lui donnent sa chance ! En tout état de cause et comme «tout jeune Algérien qui se respecte», son vœu le plus cher est d'aller voir ailleurs et se faire une place au soleil. Cet ailleurs est évidemment l'étranger. Il pense pour cela allier sa passion de la musique et la poursuite de ses études qu'il juge «complémentaires».