Photo : M. Hacène Par Abderrahmane Semmar C'est dans un climat très tendu que s'est effectué dimanche dernier le relogement de près de 373 familles des bidonvilles de Club des Pins. En effet, un dispositif policier important a été mis en place dans les alentours des sept haouch qui ceinturent la forêt de Bouchaoui. A haouch Farina, haouch El Gaz, au lieu-dit El Hofra, des dizaines d'éléments des forces anti émeute ont investi les lieux dès les premières lueurs de la matinée pour contrer toute contestation de la population de ces habitations précaires. Celles-ci, datant de l'époque coloniale et occupées par des centaines de familles depuis des dizaines d'années, ont été détruites l'une après l'autre. Cependant, de nombreuses familles nécessiteuses n'ont pas voulu quitter les lieux et laisser les bulldozers accomplir leur besogne. «Nous n'acceptons pas de laisser nos maisons pour aller habiter dans de minuscules appartements. Les autorités veulent nous caser dans des F2 alors que nos demeures ici abritent des familles nombreuses. C'est une immense injustice que nous ne tolérerons pas», ont réagi en chœur des centaines d'habitants de haouch Farina qui ont menacé de s'opposer par la force au «diktat» de la wilaya de Chéraga. Il faut dire qu'en dépit des mises en garde lancées par la Gendarmerie nationale, beaucoup de familles ont refusé de quitter leurs anciennes demeures en contestant haut et fort leur relogement dans de nouveaux appartements. «Les décisions d'affectation délivrées par la daïra ont lésé tout le monde ici. Comment expliquez-vous qu'une famille avec 7 enfants puissent bénéficier d'un logement F2 ? D'autres familles ont vu le père bénéficier d'un logement alors que leurs fils mariés et pères de plusieurs enfants n'ont rien eu. Comment dès lors nous demander d'évacuer les maisons alors que beaucoup de nos enfants n'ont pas où aller?», s'interrogent avec beaucoup de colère de nombreux habitants des haouch de Club des Pins. De son côté, le wali délégué de Chéraga, Kamel Beldjoud, n'a pas hésité à se rendre sur place pour répondre aux attentes de ces citoyens. Dans un dialogue franc et direct avec ces familles, M. Beldjoud a affirmé que les nouveaux logements sont décents et conformes à toutes les normes. «C'est une opération de relogement et non pas une distribution de logements sociaux. Les familles relogées n'ont pas à nous imposer des exigences de standing. Quant aux personnes qui n'ont pas été recensées depuis 2007, elles ne sont pour nous que des opportunistes. Et les opportunistes n'auront absolument rien de notre part», s'est exprimé en public le wali délégué de Chéraga tout en incitant les familles mécontentes à faire des recours, lesquels seront étudiés ultérieurement. Concernant les personnes qui ne seraient pas originaires des haouch de Club des Pins mais qui auraient bénéficié tout de même de ces nouveaux appartements, le wali délégué de Chéraga a appelé la population à les identifier sur une liste et à la remettre ensuite aux services de sécurité. Ces derniers, présents en force, ont promis de débusquer les tricheurs. Toutefois, force est de le constater, ces promesses n'ont nullement apaisé les inquiétudes et les appréhensions des familles des bidonvilles de Club des Pins. Pour preuve, jusqu'à 11h, à peine 53 familles ont consenti à prendre les clés de leurs nouveaux appartements à la Cité Amara de Chéraga. L'opération qui était censée commencer dés 6 h du matin a connu donc de fortes perturbations. Des troubles qui n'ont guère ému les responsables de la wilaya d'Alger, lesquels se montraient fiers de la réalisation de cette nouvelle cité qui abritera 208 familles nécessiteuses. Pour sa part, Mohamed Smaïl, directeur de la wilaya d'Alger a épinglé «les opportunistes» qui essaient de saboter cette sixième opération de relogement. «Même à Draria où nous avons octroyé des appartements F4 à des familles nécessiteuses, on a reçu des recours. C'est dire qu'il y a beaucoup de mauvaise foi de la part de nos citoyens», relève-t-il en nous apprenant que jusqu'à maintenant près de 4 000 familles ont été relogées. «D'ici novembre prochain, on procèdera au relogement de pas moins de 7 000 familles», a-t-il déclaré en assurant que tous les efforts seront fournis pour repérer les fraudeurs.