Descendant d'une noble lignée de griots «Khassonka» de l'ouest du Mali, le guitariste émérite Habib Koité s'est distingué du lot d'artistes africains par son jeu de guitare hors pair. Ayant l'harmonie dans le sang, ce jeune Malien commence dès son jeune âge à manier le ngoni kamalé, un instrument traditionnel originaire du Mali sous l'œil vigilant de son père avant de le troquer contre une guitare. C'est en compagnie de sa mère, elle aussi artiste, qu'il se perfectionne durant les diverses cérémonies maliennes. A propos de son initiation dans le domaine artistique, Habib déclare : «Personne ne m'a réellement appris à chanter ou à jouer de la guitare… J'ai regardé mes parents, et cela a déteint sur moi.» Plus tard, Habib Koité entame des études d'ingénieur mais sa famille le poussera à intégrer l'Institut national des arts à Bamako. Quatre ans après, il est nommé chef d'orchestre de l'INA Star. Cette fulgurante ascension lui vaudra également le poste de professeur de guitare au sein de l'institut jusqu'en 1998. Ces dures années de travail offriront également au jeune Habib l'opportunité de se produire sur scène en tant que musicien et chanteur en compagnie des stars du Mali. On citera, entre autres, Kéléguiti Diabaté et Toumani Diabaté avec lequel il participe dans la formation The Symetric Orchestra. Sentant la graine de star prometteuse, le percussionniste Kéléguiti Diabaté joint son talent à celui de Habib et monte le groupe Bamada en 1988. Dix ans après, la formation décroche le premier prix du festival de Voxpole. Cette consécration permettra à la formation d'enregistrer deux titres, dont le légendaire Cigarette a bana (la cigarette est finie). A la sortie du deuxième titre, Nanalé, Habib reçoit le prix découverte 1993 de Radio France internationale. Après cette deuxième reconnaissance pour son talent, Habib rassemble son courage et sort son premier album solo intitulé Musoko en 1995 qui enregistre encore un franc succès et est très bien accueilli par la presse spécialisée internationale. Dès lors, Habib Koité et Bamada enchaînent les tournées et les participations dans les grands festivals, à l'instar du Festival de jazz de Montreux, du MAD et du Word Rots Festival, de Couleur Café et de Paléo Nyon. Trois ans plus tard, le groupe sort l'album Ma ya qui confirmera son talent. Entre tournées et rencontres, Habib Koité collectionne les succès et les réussites notamment avec l'album Baro en 2001 et Foly en 2003. Sa persévérance et son éternelle quête de nouvelles sonorités feront de lui l'invité d'honneur d'une tournée du groupe de free-jazz «L'Art ensemble de Chicago» en 2000. L'enfant prodige du Mali joue désormais dans la cour des grands et côtoie sur scène des noms prestigieux, à l'image de Jackson Browne qui a largement contribué à la diffusion de la musique de Habib aux Etats-Unis, en organisant pour son protégé des événements privés. L'artiste fait même la une des revues prestigieuses, gagnant chaque jour en notoriété. Aujourd'hui, son dernier album, Afriki, sorti en 2007 est un bel assemblage de sonorités. Habib Koité demeure le seul artiste capable de transmettre des émotions à son public en Afrique et dans le monde rien qu'en grattant sa guitare. W. S.