Photo : M. Hacène De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar L'entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), avec un taux de croissance annuel qui frôle les 10%, est quasiment en situation de «surexploitation». Malgré toutes les mesures prises pour améliorer constamment ses performances, les capacités de traitement disponibles sont aujourd'hui complètement dépassées. Pour la journée d'hier, par exemple, le port attendait l'arrivée de 29 navires de marchandises, 9 autres étaient en rade et 11 à quai. Visiblement, le flux des marchandises traitées ne cesse d'augmenter. Au cours des dernières années, l'EPB recevait en moyenne 500 000 tonnes de marchandises diverses par mois. Aujourd'hui, elle en est à 700 000 tonnes. Au cours de l'année 2009, le trafic global traité était de 15 848 005 tonnes, malgré l'importante baisse des exportations de pétrole (-9%). Le taux de croissance des marchandises générales avait atteint le record des 13%. Au cours du même exercice, les importations ont évolué de 12%, alors que les exportations ont régressé de 8%. Classé second à l'échelle nationale après celui d'Alger, le port de Béjaïa détient actuellement 24% de trafic de marchandises générales. Afin de désengorger ses infrastructures, l'EPB a créée récemment une zone de stockage extra-portuaire de conteneurs qui s'étend sur 7 hectares. Un autre terrain de 5 hectares est en voie d'aménagement pour la même finalité. Outre l'exiguïté des aires de manutention et d'entreposage, la qualité des réseaux routiers et ferroviaires n'offre pas, non plus, de bonnes conditions pour le dégagement des marchandises hors plate-forme dans de meilleurs délais. «Le port de Béjaïa est très dynamique, mais l'environnement immédiat n'évolue pas à la même vitesse», regrette le directeur général de l'EPB, Rabah Moussaoui, en soulignant dans ce sens l'importance de la pénétrante sur l'autoroute Est-Ouest pour le développement de son entreprise. L'éloignement des laboratoires d'analyses qualité -sis pour l'essentiel à Alger, Tizi Ouzou et Sétif- retarde aussi les opérations de contrôle qui prennent parfois des semaines entières. Sur ordre du ministère de tutelle, l'entreprise a dû abandonner l'an dernier le traitement des car-carries (matériel roulant) pour concentrer exclusivement tous ses efforts sur le conteneur, les marchandises générales et les hydrocarbures. A peine mise à exécution, la décision a temporairement allégé le trafic sur les quais de l'EPB qui table dorénavant sur le traitement des marchandises conteneurisées et d'autres gammes de produits comme les liquides, les métaux et l'agroalimentaire. Dans ce sillage, l'EPB avait adopté un nouvel organigramme de travail pour répondre à la hausse constante du trafic maritime : brigades de contrôle mixte (Douane, Direction de commerce, services agricoles, autorités sanitaires), extension du volume horaire des structures qui interviennent dans les formalités d'évacuation de marchandises, adoption de mesures de facilitation pour inciter les importateurs à enlever leurs cargaisons dans les plus brefs délais. «Il s'agit d'améliorer, coûte que coûte, nos prestations pour en réduire au plus vite les charges. Le taux de fret, les primes d'assurance, la taxe de congestion et les surestaries sont relativement élevés pour nécessiter une nouvelle organisation du travail et une judicieuse politique d'investissement», explique Melle Bouzouzou qui seconde le PDG à la tête de l'entreprise. Pour soutenir ce rythme de croissance, les responsables de l'EPB concentrent leurs efforts sur la création future de deux ports à sec à Bordj Bou arreridj et Beni Mansour. A moyen terme, la direction table aussi sur la perspective de l'extension de l'enceinte portuaire et la modernisation de ses installations. Ce plan de développement, datant de 1997, porte notamment sur la création de 50 hectares de zones de stockage additionnelles ainsi que d'un nouvel débarcadère de 1 500 mètres linéaires, offrant six portes à quai pour la réception des grands bateaux. L'Etat algérien a officiellement dégagé une enveloppe de 37 milliards de dinars pour ce grand projet d'équipement qui tarde cependant à se concrétiser.