L'été. Saison, entre toutes, dédiée au repos, à la détente et l'oisiveté. C'est le temps de ne rien faire, si ce n'est écouter ses cheveux pousser ou meubler ces longues journées radieuses et ensoleillées avec toutes ces distractions qui, durant l'année, nous sont interdites, parce qu'il faut rentrer tôt, parce qu'il y a cours, le boulot ou qu'il pleut et fait froid… Mais il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. On peut même soutenir qu'il faut d'abord pouvoir avant de vouloir, c'est du moins valable quand on parle de culture et d'animation artistique en Algérie. Qui peut prétendre trouver chaussure à son pied en termes d'activités artistiques ? Il y a bien des programmes culturels assez diversifiés, élaborés, organisés par différentes institutions, des festivals un peu partout, des librairies, des musées, quelques pseudo salles de cinéma. Mais tout ça est généralement limité dans l'espace et le temps. Seuls les grands centres urbains ont les infrastructures nécessaires pour abriter des activités artistiques et bénéficient donc de cette animation qui, toutefois, ne couvre pas la demande. Quant aux villages, douars, et même certaines petites villes, la culture n'y trouve simplement aucune place ni droit de cité. Les gens qui penseraient à se mettre à la culture durant leurs vacances sont donc obligés de se débrouiller seuls pour trouver comment «rentabiliser» leur temps de repos en se distrayant ou se cultivant. Et le choix n'est toutefois pas énorme. Il y a les librairies pour les avaleurs de livres, les vendeurs de CD et DVD pour les accros de musique et de films ou cette parabole bénie qui nous ouvre une fenêtre sur les cultures et les mondes d'ailleurs. Mais rien ne dit qu'on peut toujours trouver ce qu'on cherche. Il est quasiment impossible de dénicher le livre qui vient de paraître à l'étranger, le dernier album d'un artiste donné ou le film culte qu'on voudrait revoir en s'adressant au premier magasin spécialisé venu. Mais est-ce que les gens pensent à s'intéresser à la culture durant leurs vacances ? Peu probable. Un lecteur sur la plage, voilà une image qui se fait rare en Algérie. Mais pas seulement. Les adeptes de culture sont une minorité qui se réduit chaque année un peu plus. Les quelques institutions qui restent actives sont désertées. Paradoxalement, cette culture fast-food faite de chansons d'été, de films de box-office, de spectacles racoleurs, de musiques commerciales, de littérature de marché ne cesse de prendre de la place, au détriment du véritable produit culturel, fruit du génie créatif, qui nourrit l'esprit et élargit la vision. C'est le premier pas vers l'acculturation… H. G.