L'été n'est pas que synonyme de vacances, c'est aussi l'ennui généré par de longues journées chaudes pour des citoyens qui ne peuvent pas payer le prix d'une évasion estivale. Les destinations touristiques ne sont accessibles que pour les nantis, ceux qui n'ont pas de soucis pour boucler des fins de mois difficiles. Que l'approche du Ramadhan, qui coïncide depuis quelques années avec la rentrée scolaire, ne peut nullement effrayer, et dont l'aisance matérielle leur permet de s'offrir un voyage, d'offrir aux leurs des vacances de rêve, du moins un séjour dans des infrastructures touristiques. Ce qui n'est pas le cas pour la majorité des citoyens dont le pouvoir d'achat se dégrade de plus en plus, jusqu'à ne plus leur permettre d'assurer tous les besoins de leur progéniture. Il n'est même pas évident pour les parents de répondre favorablement aux suppliques des enfants dont le désir est pourtant modeste. Juste piquer une tête dans la grande bleue et batifoler sur le sable. Il est même difficile pour un grand nombre de familles d'accéder à la demande pressante de ces mômes qui n'ignorent pas la situation sociale de leurs géniteurs, et qui en connaissent le prix à payer. Un prix qui équivaut à un sacrifice pour de très nombreux parents, confrontés à la cherté de la vie. Combien sont-ils, ces gamins, à passer l'été et les vacances scolaires dans leur quartier, à chercher souvent refuge dans des cybercafés pour une évasion sur la Toile ? Une escapade en bord de mer se trouve donc être une aubaine pour ces enfants, la seule qu'ils puissent souhaiter tant ils savent qu'ils ne peuvent avoir mieux et tant ils sont conscients que c'est déjà beaucoup pour le budget familial. Est-il utile de dire que renouveler plusieurs fois cette belle échappée, le temps d'un été, est du domaine de l'impossible ? Entre nourrir quotidiennement les siens et faire plaisir à ses petits, le choix ne s'impose même pas pour un père de famille au revenu modeste. Même si c'est la mort dans l'âme qu'il fait l'impasse sur leur envie d'évasion. Plus chanceux sont ceux qui ont l'heureux privilège de partir. De quitter leur quartier le temps d'un séjour dans un camp de vacances, une villégiature rendue possible par le travail du père ou de la mère. Certaines entreprises ont cela d'intéressant aux yeux des enfants de leurs employés, qui connaissent leur chance par rapport aux petits voisins du quartier. Celle d'avoir des vacances et de découvrir une région du pays, et parfois, le summum, de faire un voyage à l'étranger. Une partie de football ou de baby-foot dans le quartier, une virée sur la plage ou, suprême bonheur, un séjour dans une colonie de vacances pour les uns, des voyages annuels et des séjours de rêve pour les autres. C'est l'été des gens modestes et des nantis. R. M.