De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il semblait pour le moins étonnant, il y a une quarantaine d'années, qu'un pays qui a fait le choix d'opter pour le socialisme en arrive aussi à le doter officiellement d'un organisme chargé de la gestion des jeux de…hasard.Hasardeux le choix, doublement, parce qu'il ébranlait d'abord la conviction de ceux qui, forts de l'option idéologique évoquée, croyaient que le profit ne pouvait se faire que par le travail et seulement le travail et heurtait, ensuite, la sensibilité d'autres qui, sans être des bigots purs et durs, considéraient que le jeu était illicite sur le plan religieux. Et quoiqu'il eût fallu à ceux qui, à tort ou à raison, contestaient ce fait accompli avaler des couleuvres, l'argumentaire prôné tenait route pour expliquer que l'essentiel des fonds amassés allaient servir la bonne cause : impulser une dynamique dans le secteur des activités de jeunesse, dont les loisirs et le sport. Le principe, «Un esprit sain dans un corps sain», suffisait à convaincre ceux parmi les plus irréductibles…s'il s'en trouvait en réalité. La passion du jeu pour booster le jeu. A constater de visu les nombreux chantiers ouverts dans le secteur des sports au lendemain de la création du Pari sportif algérien, la massification hors du commun de l'activité physique, la prise en charge sans distinction de communautés d'athlètes, l'émergence d'une élite, certes, timide et peu performante une fois sortie du contexte national, un tel choix, s'il ne pouvait pas être littéralement applaudi ou exagérément porté aux nues eu égard aux résultats mitigés, n'en permettait pas moins de le justifier et de contrer certaines résistances dès lors que, parmi les missions sacerdotales, militantes et mobilisatrices du ministère de la Jeunesse et des Sports sont, entre autres, «la promotion, le développement, la régulation du mouvement associatif de jeunes…l'élaboration des programmes d'insertion de jeunes, promotion et protection des droits de l'enfant…la mise en place, la normalisation et l'homologation de réseaux d'infrastructures d'équipements sportifs, etc.» Au cours des années 1970, le boom dans ce secteur est réel avec l'émergence d'infrastructures sportives et de loisirs impressionnantes dans les villes les plus importantes, la multiplication tous azimuts des activités qu'elles impliquent à l'endroit des populations ciblées. Néanmoins, cette embellie ne semble avoir duré que l'euphorie de deux décennies aidée par une conjoncture favorable vite balayée par la récession économique des années 1980 et amplifiée par l'avènement du terrorisme, d'abord, et par la déliquescence sociale, ensuite, comme en témoignent les actes prédateurs systématiques visant les infrastructures sportives depuis la descente aux enfers de la première activité sportive : le football. Plus de pistes, plus de bassins, plus de salles omnisports dignes de ce nom, plus d'équipements… de rares porte-drapeaux nationaux une fois les frontières franchies. Qu'en est-il devenu des choix conquérants d'il y a une quarantaine d'années, des institutions créées pour répondre à une politique sportive née par hybridation ? Qu'en est-il surtout advenu sur le terrain des missions du PSA ? si arbitraire que pourrait être la réponse, il est difficile de cerner la réalité. Les infrastructures s'en vont à vau-l'eau, les élites et pour cause semblent avoir eu la fin qu'ont eue les dinosaures, le sport de masse, qui n'a été qu'un attrape-nigaud politique naguère, est tombé en désuétude même si d'aucuns parmi les responsables ne désespèrent pas de le remettre à l'ordre du jour…sauf que les grandes résolutions depuis une dizaine d'années n'ont cette particularité que de le demeurer. A ce stade, il serait malhonnête de jeter le bébé avec l'eau du bain. Il serait a contrario honnête de concéder au Pari sportif algérien son apport à un moment donné à l'épanouissement de la jeunesse. Ce qui n'est malheureusement plus le cas et doublement pénalisant parce que les temps ont changé et que les besoins des jeunes sont plus criants et surtout légitimes. En attendant, le PSA est plus soucieux de se moderniser pour devenir «une grande entreprise de jeux».