Photo : Riad De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Comme à chaque veille du Ramadhan, les ménages s'inquiètent des prix qu'ils devront affronter pendant les trente jours du mois sacré. Et les onsommateurs d'Oran ont déjà un avant-goût de ce qui les attend : à peine quelques jours du début du mois, certains légumes ont déjà enregistré une hausse significative n'augurant rien de bon pour la suite : la pomme de terre comme la tomate sont désormais cédées respectivement à 40 et 30 DA contre 10 à 15 DA de moins quelques jours auparavant : «Je m'étonne que les gens soient surpris par les augmentations ! sourit un consommateur, narquois. Nous savons tous que pour la majorité des commerçants, le mois de Ramadhan est l'occasion idéale de s'enrichir et le fait que les Algériens aient un faible pouvoir d'achat n'y change rien. Les prix augmenteront au gré du commerçant et personne -les autorités encore moins- ne pourra rien y faire. C'est la loi du plus fort.»Il est vrai que, depuis plusieurs années, Ramadhan rime avec saignée pour la grande majorité des Algériens qui ne comprennent toujours pas que l'Etat ne puisse intervenir pour réguler un marché anarchique sous prétexte que les prix sont libres. «Les autorités auront beau multiplier les discours, elles ne pourront pas influer sur les prix ou mettre un coup de frein à la spéculation parce que c'est l'anarchie la plus totale», explique cet autre consommateur en assénant que la liberté des prix ne signifie pas que «les commerçants peuvent opérer des augmentations anarchiques, du jour au lendemain, sans que les autorités interviennent». C'est pourtant ce qui se passe à Oran, wilaya dans laquelle un produit agricole ne garde pas longtemps un même prix. Dans tous les marchés de fruits et légumes, qu'ils soient légaux ou informels, les prix changent tous les jours, au grand dam des consommateurs qui n'arrivent pas à définir un budget ni, par conséquent, à joindre les deux bouts : «Les prix changent beaucoup et trop vite, déplore cette ménagère, mère de trois enfants. Il m'arrive d'acheter de la pomme de terre en quantité lorsqu'elle est cédée à 25 DA, elle me permet de diversifier les plats pour les enfants. Mais dès lors qu'elle flirte avec les 50 DA, mes possibilités s'amoindrissent et je suis contrainte d'y regarder à deux fois avant de décider.» Pour cette dame, il est clair que le prix du féculent, comme l'ensemble des produits de large consommation, augmentera très vite : «C'est une tradition. Chaque veille de Ramadhan, on se tient les tripes par crainte de la mercuriale qui nous guette. Et ne nous rate jamais !» A cette crainte s'ajoute celle de la mystérieuse viande indienne que l'Etat a importée pour ce mois de Ramadhan : «Je lis dans la presse que cette viande est de bonne qualité mais je vous avoue que je suis sceptique, indique encore cette mère de famille, exprimant l'avis de beaucoup de consommateurs qui doutent de la qualité sanitaire du produit. Elle sera peut-être abordable financièrement mais je ne suis pas sûre que je l'achèterai !» Malgré les assurances des autorités nationales sur la qualité de cette viande, le doute demeure dans l'esprit des consommateurs.