Photo : M. Hacène Par Badiaa Amarni Le contrôle des différents produits que nous consommons quotidiennement, qu'ils soient alimentaires ou d'origine industrielle, revêt une importance capitale. L'Algérie, pour protéger ses consommateurs et leur éviter les arnaques en tous genres et autres nuisances qui peuvent porter atteinte à leur santé, s'est dotée d'un réseau de laboratoires pour procéder aux nombreux contrôles qui s'imposent. Vu leur nombre insuffisant dans ce domaine, d'autres laboratoires sont en train d'être mis en place à travers tout le territoire national. L'Algérie dispose de 19 laboratoires opérationnels actuellement et leur nombre passera à 48 d'ici 2014 - soit un laboratoire par wilaya - qui seront dotés de tous les équipements de pointe, ce qui permettra de gérer toutes sortes d'analyses localement. La réalisation de ces outils analytiques est confiée au Centre algérien de contrôle de la qualité et de l'emballage (CACQE), qui est un établissement public à caractère administratif (EPA) placé sous tutelle du ministère du Commerce. Son rôle principal est de protéger le consommateur à travers l'outil analytique que sont les laboratoires, en étroite collaboration avec les Directions du commerce. C'est, en fait, un espace de soutien technique des organismes d'inspection. Un laboratoire pour chaque wilaya La réalisation des laboratoires en question est prévue dans le cadre de différents programmes, celui de la croissance économique, des Hauts Plateaux, du Grand Sud et du quinquennat 2009-2014. Certains sont déjà en cours de réalisation à l'exemple de celui de Béjaïa, dont les travaux tirent à leur fin et qui sera opérationnel d'ici la fin de l'année. Pour celui d'Annaba, les études d'exécution viennent d'être terminées et sera réalisé d'ici la fin de l'année également. Le projet de laboratoire de Sétif démarrera incessamment. Celui de Saïda voit toutes ses études d'architecture achevées et passera bientôt au stade de réalisation. Celui de Batna, inscrit dans le cadre du programme des Haut Plateaux, est à 90% de taux de réalisation et sera opérationnel d'ici décembre prochain. Les projets des wilayas de Khenchela, Mila, Souk Ahras, Médéa, Djelfa, Bouira, Tiaret et Nâama sont en pleine élaboration des contrats pour retenir les entreprises qui prendront en charge leur exécution. L'un de ceux retenus dans le cadre du programme Grand Sud, dans la wilaya de Tissemssilt, sera lancé incessamment. Les travaux de ceux de Bordj Badji Mokhtar, El Oued, Laghouat, Timimoun, seront lancés le dernier trimestre de l'année en cours. Les laboratoires qui seront lancés dans le cadre du programme quinquennal 2009-2014, à savoir celui de Blida et de Bouira, attendent encore les autorisations. Il faut souligner que le coût approximatif d'un seul laboratoire avec équipement est de 180 millions de dinars.N'omettons pas de signaler que le plus grand laboratoire d'Afrique est le laboratoire national des produits industriels qui prendra en charge l'analyse des pièces détachées, les jouets… D'une superficie de 4000 m2, ce laboratoire implanté à Mehelma, à Zeralda, est déjà à 50% de taux de réalisation. Ce mégaprojet, doté d'une enveloppe financière de 1,3 milliard de dinars, sera opérationnel en 2012. Les analyses qui seront effectuées au niveau de ce laboratoire concerneront aussi les matériaux de construction, les produits électro-domestiques (chauffe-bains, frigos, cuisinières…), la robinetterie, la mécanique, les textiles et les cuir…Vu la difficulté de réalisation de ces laboratoires, et pour assurer un meilleur suivi des travaux, il a été décidé par l'Etat de décentraliser cette opération pour accélérer ainsi la cadence des travaux. Tous ces centres disposeront de trois départements d'analyses physico-chimiques, bactériologiques et spécifiques (analyses de pointe pour rechercher des métaux lourds par exemple), l'objectif final de toutes ces opérations étant de disposer d'un réseau de laboratoires d'analyses spécialisées de référence à l'exemple de celui de Ouargla qui sera spécialisé dans l'analyse des produits de la datte et des oléagineux, celui d'Alger pour les contaminants et additifs alimentaires, de Béjaïa pour les laits et produits laitiers, Oran pour les cosmétiques et produits d'entretien, Constantine pour les produits céréaliers, et Djelfa pour les viandes et dérivés. Tout problème qui nécessitera une analyse approfondie sera réglé au niveau de l'un de ces laboratoires de référence ; ce qui permettra une réelle traçabilité du produit. Ces laboratoires travailleront en étroite collaboration avec les autres services - la police scientifique, la gendarmerie et les douanes - dans le cadre de la répression des fraudes. La formation, un aspect non négligé par le CACQE Pour pouvoir maîtriser l'outil analytique et faire face à la grande demande en matière de contrôle, la formation de la ressource humaine figure parmi les priorités du CACQE. Plusieurs programmes de formation existent déjà. Le programme interne à la structure prévoit la formation technique des ingénieurs à leur recrutement, en plus de la formation professionnelle au niveau du laboratoire. A cela s'ajoute la formation intersectorielle avec différents secteurs avec lesquels des contrats sont établis. Il existe aussi le programme du ministère du Commerce dans le cadre d'accord d'association avec l'Union européenne. Actuellement, le CACQE est inscrit dans plusieurs programmes de formation avec l'UE dans le cadre de la coopération. Il s'agit de programmes de facilitation au commerce (FASCICO). Elle concerne toutes les spécialités avec un aspect contrôle de la qualité. En juin dernier, de nombreux cadres du ministère du Commerce et des ingénieurs du CACQE ont suivi des formations. Beaucoup sont encore en cours. En septembre prochain, une autre formation sera lancée et viendra en appui au développement du laboratoire national d'essai et les autres laboratoires du CACQE. Elle portera sur l'audit opérationnel, le soutien au management des quatre laboratoires régionaux, l'appui à l'amélioration de la détection des fraudes en laboratoire, la procédure de travail et l'accréditation des laboratoires. En novembre prochain, une autre formation portant sur les techniques d'analyse des résidus de pesticides sera dispensée, de même qu'en octobre sur l'analyse des appareils électro-domestiques, toujours dans le cadre du programme FASCICO. Les formations ont lieu à l'étranger et parfois elles sont dispensées en Algérie par des experts étrangers. Un autre programme de formation dans le cadre du P3A, toujours avec l'Union européenne, est dispensé dans le cadre des bourses de coopération avec les ambassades et autres organismes étrangers. Ce dernier programme peut être de longue durée et peut aller jusqu'à une année.Pour permettre un meilleur fonctionnement, le CACQE est déjà certifié à la norme 17 025 relative à la compétence des laboratoires. Il s'agit d'une norme managériale qui permet de suivre des procédures pour maîtriser l'outil analytique. Elle concerne les trois laboratoires d'Alger, de Ouargla et de Constantine. Celui d'Oran va bientôt être certifié à cette norme. Ces quatre laboratoires passeront prochainement à l'accréditation. Même si la mission de contrôle incombe aux laboratoires spécialisés, il n'en demeure pas moins que les consommateurs doivent faire attention à ce qu'ils consomment car il y va de leur santé.