De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani «La baisse de l'activité touristique n'est pas propre à la wilaya de Annaba, puisque la question sécuritaire est invoquée un peu partout à travers le pays pour expliquer cette situation, mais cela tend à s'améliorer et l'on s'attend, dans les prochaines années, que tout redevienne comme avant et, peut-être, même mieux.» Ces propos optimistes tenus par le patron d'une agence de voyages à Annaba augurent un renouveau dans le secteur du tourisme surtout qu'il y a quelques mois les spécialistes en tourisme, voyagistes, restaurateurs, hôteliers, tour-opérateurs, stations thermales, offices du tourisme et responsables de plateformes d'accueil de 13 wilayas de l'Est s'étaient rencontrés dans cette ville à l'initiative du ministère du Tourisme. Le département de M. Rahmani avait dépêché expressément deux de ses directeurs centraux pour présenter et expliquer le plan qualité tourisme (PQT) découlant du schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT). Les personnes présentes avaient été invités à établir un partenariat entre l'Etat, représenté par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme et les opérateurs économiques du secteur. Le SDAT prévoit un plan qualité tourisme (PQT) auquel les adhérents doivent se conformer pour une mise à niveau qui fera plus tard l'objet d'un audit sur la base duquel un label sera décerné à ceux qui auront respecté les conditions édictées. Ce label leur permettra de figurer sur la liste des guides touristiques mondiaux et ils pourront ainsi profiter des flux des touristes qui les choisiront parmi d'autres. «Il n'y a pas à vrai dire de touristes algériens au sens propre du terme qui s'adressent aux agences de voyages pour effectuer des séjours à Annaba, visiter la ville, effectuer un circuit touristique comme on dit, nous confie un autre tour- opérateur, ils sont plus de 1 million à choisir Annaba pendant la période estivale pour y passer quelques jours mais ces derniers ne sont intéressés que par les plaisirs de la mer et préfèrent découvrir la ville par eux-mêmes, on n'a pas encore la culture du tourisme avec ses circuits, ses itinéraires, ses visites guidées des sites historiques ou des musées mais, avec le temps ça viendra, c'est sûr !» Faute de touristes, trois grandes agences de voyage à Annaba se sont spécialisées, ces dernières années, dans le pèlerinage «omra» et ont été jusqu'à proposer le paiement du prix du voyage aux Lieux saints de l'islam par facilités, ce qui draine beaucoup de monde, surtout pendant le mois sacré de Ramadhan. Ces agences qui emploient des guides touristiques assez bien formés puisqu'ils maîtrisent plus ou moins l'histoire de la ville des Jujubes, éditent des dépliants, des cartes de la ville et proposent un circuit touristique. «Cela commence d'abord par la visite de la ville moderne, ensuite c'est la vieille ville avec ses ruelles, ses maisons datant du XVIIIe siècle, la mosquée Abou Merouane, la zaouïa de Sidi Brahim, les ruines d'Hippone, la basilique Saint Augustin, une visite qui se prolongera pendant deux jours au cours desquels les touristes découvrent l'olivier de saint Augustin à Thagaste (Souk Ahras) puis le théâtre et l'université de Madaure (M'daourouch), une virée à Thubursicum Numidarum (Khemissa, près de Sedrata) pour se terminer au théâtre romain de Calama (Guelma), poursuit notre interlocuteur ; bien sûr, ce circuit comprend la découverte des plats du terroir tels que le couscous, la ‘‘chakhchoukha'' locale ainsi que des pâtisseries traditionnelles très appréciées.» Selon ce voyagiste, les quelques rares touristes étrangers qui visitent Annaba grâce à des tour-opérateurs étrangers et qui sont pris en charge localement, viennent d'Europe, essentiellement d'Italie, d'Espagne, de France mais aussi des Etats-Unis, ces derniers sont escortés par les services de sécurité jusqu'à leur retour, la question de la sécurité reste toujours d'actualité malgré la nette amélioration de la situation. Poursuivant ses explications, le voyagiste nous a appris que les étrangers qui viennent dans cette région préfèrent le tourisme cultuel et culturel et veulent marcher sur les traces de Saint Augustin, l'évêque d'Hippone, tout en découvrant la vie quotidienne dans l'Algérie profonde. «C'est un filon inépuisable, qui, s'il est exploité comme il se doit et disposant des infrastructures adéquates, peut engendrer des milliers d'emplois permanents dans les villes de Annaba, Souk Ahras, Guelma, El Tarf et Tébessa pour ne citer que celles-là. Ce serait le point de départ d'une véritable industrie touristique qui ne pourrait qu'apporter du positif pour toutes les populations de la région», conclura notre interlocuteur.