Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Si à chaque mois de Ramadhan, les prédicateurs musulmans, à travers les divers médias et chaînes de télévision, ne cessent de rappeler ses «vertus et bienfaits» ainsi que les qualités morales auxquelles doivent souscrire les jeûneurs, depuis au moins une décennie, c'est surtout la période test qui révèle au grand jour l'ampleur gravissime de la misère au sein de la population algérienne. Partout, la misère saute aux yeux ! Et parfois on a l'impression que le mois de jeûne est exploité par des organismes étatiques davantage pour évaluer les penchants d'entraide et de solidarité de la population, confronter les mécanismes institutionnels de charité et de secours à la très dure réalité et surtout jouer sur la fibre de l'amour du prochain et des nécessiteux qu'ont les Algériens et les rapprocher des représentants et des associations de l'Etat. Mais, la solidarité, quel que soit son objectif, est toujours la bienvenue pour les milliers de familles sans même un revenu minimum (SMIG), dont des «abonnés» des dispositifs de wilaya et communaux du filet social, alors que de plus en plus de familles appartenant à la classe dite moyenne basculent dans le besoin et la déchéance sociale. Cela dit, le mois de Ramadhan est celui par excellence des spéculateurs et des trafiquants qui enfoncent les nécessiteux dans un autre cycle de besoins primaires qu'ils n'arrivent pas à satisfaire. Les chiffres des organismes de solidarité en parlent amplement même des centaines d'autres pauvres ne seraient recensés et ne bénéficient donc d'aucune couverture sociale. Le comité de la wilaya de Tizi Ouzou du Croissant-Rouge algérien (CRA) fait état chaque année de la croissance «en flèche» du nombre de demandeurs du «couffin de Ramadhan». La pauvreté occupe des demeures jusque-là insoupçonnées ! Le comité du CRA de la wilaya de Tizi Ouzou a décidé de renouveler les quatre opérations précédentes liées au mois de carême : la soupe populaire, les couffins, les circoncisions collectives et les visites aux malades hospitalisés ou restés au sein de leur foyer familial. A travers ses comités locaux, dix communes de la wilaya de Tizi Ouzou seront concernées, à savoir Draa Ben Khedda, Draa El Mizan, Tigzirt, Boghni, Aïn El Hammam, Ouadhias, Bouzeguene, Larba Nath Irathen, Freha et Tizi Ouzou, d'après M. Hakim Aït Hamadouche, président du comité de wilaya du CRA de Tizi Ouzou. Le comité algérien du CRA qui compte aussi à l'échelle locale sur la collaboration des APC et des entreprises économiques ont fourni les principaux dons reçus par le CRA de Tizi Ouzou.Cela dit, cette wilaya a dégagé une enveloppe de solidarité de 80 millions de dinars pour le mois de Ramadhan, selon une source officielle qui donne le nombre de 18 000 familles qui vont bénéficier de cette aide «laquelle se renouvellera chaque année, à cette même occasion pour soulager un tant soit peu les pauvres et des familles démunies des dépenses liées à ce mois de Ramadhan», ajoute-t-on de même source. Une vingtaine de restaurants de la «rahma» ont été ouverts à travers la wilaya. Environ 100 000 repas du «f'tour», (une moyenne de 3 000 par jour) seront servis pendant ce mois qui a vu baisser de 2 000 le nombre des familles nécessiteuses par rapport à l'année 2009. Selon la Direction de l'action sociale (DAS), cette baisse s'explique par «le fait que cette année, le recensement a été fait par les services de la DAS, conformément aux orientations de la tutelle [ministère de la solidarité], alors qu'auparavant les listes des bénéficiaires étaient établies par les communes». Ainsi que des commissions locales «au sein desquelles siègent des représentants de comités de quartier et/ou de village, pour garantir la transparence de l'opération qui se doit de profiter aux méritants», précise-t-on de même source. Si vraiment le nombre de nécessiteux a baissé, comme le soutiennent les hauts responsables de la solidarité, comment expliquer la propagation et la généralisation de la grogne sociale et des émeutes liées au chômage et à la précarité sur tout le territoire algérien ?