La Russie a déclaré, hier, avoir arrêté ses attaques contre la Géorgie, car son «objectif est atteint». L'opération militaire russe visait à «affaiblir» le potentiel militaire de Tbilissi afin de l'empêcher d'attaquer les républiques indépendantistes pro-russes, a déclaré un haut responsable militaire russe. Mais sur le terrain, la situation était toujours tendue, confuse. Les forces russes sont restées sur les positions qu'elles occupent actuellement en territoire géorgien. De plus, Tbilissi affirmait que les Russes continuaient de bombarder des villages en Géorgie. Moscou accusait, lui, des unités géorgiennes de tirer «de façon sporadique». Pis, le conflit s'est étendu avec l'Abkhazie, république pro-russe, qui a lancé hier une opération militaire pour déloger les forces géorgiennes des gorges de Kodori, une région disputée du territoire indépendantiste d'Abkhazie, d'où les forces géorgiennes ont fini par se retirer. Et pour compliquer un peu plus la situation, la Russie a, de son côté, envoyé des soldats et de l'artillerie vers la région géorgienne de Mestia, près de l'Abkhazie. Sur le plan politique, la situation n'est pas plus reluisante. Condamnations et soutiens se mêlent au point qu'on ne sait qui soutient qui ni qui condamne quoi. Hormis les présidents de cinq pays de l'ancienne sphère soviétique, la Pologne, l'Ukraine et les trois Etats baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie), dont les présidents et représentant devaient se rendre hier à Tbilissi pour soutenir la Géorgie et Bush qui a accordé «son plein soutien à la visite des Présidents à Tbilissi», qu'il a jugée «très importante dans la situation actuelle», le reste des acteurs politiques et institutions internationales concernés par le conflit soufflent le chaud et le froid. Ainsi, Nicolas Sarkozy, le chef de l'Etat français, dont le pays préside l'Union européenne, a jugé que la Russie avait le droit de «défendre les intérêts des russophones» hors de ses frontières, tout en considérant que «l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance» de la Géorgie devaient être garanties. N'est-ce pas là une admirable pirouette diplomatique ! L'OTAN a, elle, condamné seulement l'usage «disproportionné» de la force par l'armée russe et non l'attaque. S'agissant de l'arrêt des attaques russes, l'organisation considère que c'est «important» mais «insuffisant», sans plus de détail quant aux manques. Et pour compliquer un peu plus la situation, la Russie entend imposer à la Géorgie le plan de paix franco-russe alors que le président de l'Ossétie du Sud réclame, lui, le rattachement de ce territoire séparatiste géorgien à l'Ossétie du Nord, une région du sud-ouest de la Russie… C'est là un véritable chaudron et ceux qui le font bouillir ne pensent pas beaucoup à tous ces gens qui veulent vivre en paix chez eux ou ailleurs si le chez-soi devient la cible de bombardements. Ils sont au moins 100 000 déplacés à cause du conflit. H. G.