Cela fait plusieurs semaines que les prix des produits alimentaires enregistrent des hausses graduelles pour atteindre, à la veille du Ramadhan, des seuils presque inabordables. Et il semble que ce ne soit pas encore le pic. «Même moi, affirme Aoued, épicier à Gambetta, je n'ose pas acheter certains produits chez les grossistes parce qu'ils sont très chers et que mes clients ne pourront jamais se les permettre.»
Mercuriale brûlante En effet, il n'est pas aisé pour les petites bourses de s'offrir de l'huile de table à 110 DA le litre lorsqu'on a déjà dû payer la pomme de terre à 35 ou 40 DA le kg, la laitue à près de 100 DA, la tomate à 60 DA, le navet à 60 DA comme la carotte, le poivron autour de 80 DA… Le poulet qui s'est, lui, envolé pour atteindre 270 DA le kg pendant que la viande rouge est cédée entre 550 et 570 DA le kg. «Comment espérer assumer les frais du mois de Ramadhan quand le salaire moyen tourne autour de 15 000 DA ?» se demande Rachid, chômeur de 41 ans, qui s'interroge également sur le sort réservé à la catégorie pauvre des Algériens : «Les mesures de solidarité prises par l'Etat ne suffisent pas. Il suffit d'aller sur le terrain pour s'en rendre compte.» En tout état de cause, pauvres ou non, tous les Oranais dénoncent la flambée des prix et l'avidité des commerçants… Même si, en cachette, beaucoup mettent hypocritement la main à la poche, quel que soit le prix affiché.
Sécurité renforcée Conscients que le mois de Ramadhan est propice à la hausse de la délinquance, les services de sécurité d'Oran ont pris des mesures exceptionnelles pour un meilleur quadrillage de la wilaya d'Oran. Selon des sources de la sûreté de wilaya, les commissariats de la wilaya ont renforcé leurs effectifs. cinquante nouvelles caméras de surveillance ont été installées dans les artères et les endroits réputés dangereux et les brigades mobiles doivent intensifier leur surveillance. Par ailleurs, des policiers en civil seront affectés aux marchés de M'dina J'dida, la Bastille et d'autres seront également installés à proximité des banques et des bureaux d'Algérie Poste. En outre, dans le cadre de la lutte contre les vols et les agressions, des opérations d'interpellation pour examen de situation seront lancées durant ce mois et seront élargies aux marchés hebdomadaires et aux lieux publics. De tout temps, la période du Ramadhan a constitué un véritable casse-tête pour les services de sécurité d'Oran : hausse vertigineuse des agressions, des vols et des meurtres. «Un nombre incroyable d'Oranais sont armés de diverses armes blanches et n'hésitent pas à s'en servir», indique-t-on de source hospitalière pour expliquer la moyenne hallucinante de 200 victimes d'agressions ou de bagarres enregistrées quotidiennement. Soirées culturelles Il reste que, malgré tout, Oran vit une certaine animation culturelle et, cette année encore, les autorités de la wilaya ont mis en place un programme pour les soirées de Ramadhan. Une centaine de manifestations culturelles dédiées à la musique, au théâtre, au cinéma comme à la littérature sont prévues tout au long du mois avec cette nouveauté que certaines d'entre elles auront lieu sur les places publiques afin de se réapproprier les kiosques à musique longtemps laissés à l'abandon dans les quartiers de Saint-Eugène, Gambetta, Sidi El Houari…