Photo : Riad Par Samir Azzoug Trois absences non justifiées, et c'est la porte. La sentence qui ressemble à une admonestation rappelant les années d'école n'est pas destinée, comme l'on pourrait l'imaginer, aux élèves, mais bel et bien au personnel de l'éducation nationale : les enseignants et les surveillants. Grâce à la réforme, l'école algérienne a bien changé.Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, multipliant les rencontres avec ses directeurs régionaux pour la préparation de la prochaine rentrée scolaire, ne cesse d'innover dans ses prises de position. Après l'approche philosophique et psychologique sur l'unification des couleurs des tabliers, le nouveau ton est à la menace. Et c'est la douche écossaise pour les travailleurs du secteur de l'éducation. Moins d'une semaine après l'annonce du versement des indemnisations des six premiers mois de 2009 avant l'Aïd El Fitr en faveur des enseignants, voilà que le ministre change son fusil d'épaule pour tancer ces mêmes enseignants et les surveillants des établissements scolaires. «Le ministre de l'Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, a averti jeudi à Alger les enseignants et les surveillants qui cumuleront trois absences non justifiées qu'ils seront licenciés de leurs postes», a rapporté l'APS. Rien que ça ! Selon l'agence, cette décision serait motivée par «les mouvements de grève, qu'a connus le secteur de l'éducation, qui ont influé négativement sur les résultats scolaires enregistrés dans certaines wilayas du pays». Comment doit-on comprendre l'expression «influé négativement», quand on sait que le taux de réussite au bac a dépassé les 61%, celui du BEM 60% et celui de la fin du cycle primaire a frôlé les 83% ? Des records absolus. Bien au contraire, d'aucuns ont l'impression que les mois de grève menée par les différents travailleurs de l'éducation ont été presque «bénéfiques» pour les résultats scolaires des élèves. Quant à licencier des enseignants, il faut que le ministère de l'Education se mette au diapason de ce qui se passe dans les établissements scolaires. Il est de notoriété publique qu'un manque d'enseignants (particulièrement pour les langues étrangères) dans certaines régions du pays reste un problème non encore résolu. Alors, des annonces faites comme celle de mars dernier (licencier les enseignants grévistes) ou celle de jeudi devraient être plus mesurées. Car l'expérience l'a déjà montré : loin d'être rédhibitoire, ce genre de communication provoque l'indignation et la colère. D'autant que l'arrière-pensée transparaît à travers les lignes de la dépêche APS qui précise : «Le ministre a relevé que les revendications des enseignants et des surveillants ont été toutes satisfaites, notamment le régime indemnitaire ainsi que le statut particulier.» Il s'agit donc d'éviter de nouveaux mouvements de contestation. Le ministre semble signifier : «On vous a accordé ce que vous revendiquiez. Maintenant, on vous collera sec.» Pour cela, Benbouzid responsabilise davantage les directeurs de l'éducation : «Dorénavant, c'est au directeur de l'éducation et au wali de prendre en main les problèmes qui surgiront au niveau de leur wilaya.» Sur un autre registre, le premier responsable du secteur de l'éducation nationale a évoqué la gestion administrative et pédagogique des établissements scolaires qu'il souhaite «moderne et efficace» par opposition à la gestion classique, en encourageant l'utilisation des nouvelles technologies.Toujours en matière de gestion, le ministre exhorte les directeurs de l'éducation à préparer des plans de gestion dans les plus brefs délais, notamment pour ce qui est des postes budgétaires, et d'aplanir les obstacles dans leurs relations avec la Fonction publique.Benbouzid a, entre autres, instruit ces directeurs de renforcer le partenariat avec les associations de parents d'élèves en insistant pour qu'il y ait une association par établissement. Par ailleurs, le ministre de l'Education a indiqué que son département organisera chaque mois des conférences régionales, dans l'objectif d'évaluer les niveaux des différents établissements scolaires.