Avec huit millions de morts par an, le cancer du poumon est le plus meurtrier des cancers et celui qui augmente le plus dans le monde. Dans près de 50% des cas, les malades sont d'anciens fumeurs. Si arrêter le tabac reste la meilleure prévention possible, il est néanmoins essentiel de trouver des traitements préventifs pour les profils les plus à risques. Les travaux publiés, mercredi dernier, dans la revue Cancer Prevention Research pourraient, à ce titre, s'avérer intéressants. Des chercheurs ont, en effet, montré que des souris exposées à un composé du tabac très cancérogène voyaient leurs risques de développer un cancer du poumon fortement réduits quand on leur administrait de la Metformine, un médicament couramment utilisé pour le traitement du diabète de type 2.Selon les travaux menés aux Etats-Unis par l'équipe du Dr Philip Dennis, les souris auxquelles on injectait la Metformine par voie orale ont vu ce risque baisser de 40 à 50%. Celles qui recevaient le traitement sous forme d'injections étaient encore mieux protégées - 72% des animaux ne développaient pas de tumeurs, contre 100% pour les souris non traitées. La Metformine, une molécule présente initialement dans le lilas, réduit le taux d'insuline et d'autres hormones dans le sang. Cette baisse du taux hormonal jouerait sur l'équilibre énergétique des cellules cancéreuses, et donc sur leur développement, a avancé le Dr Dennis lors d'une vidéoconférence, précisant toutefois que cette hypothèse demande encore à être confirmée.Le rôle protecteur de la Metformine contre certains cancers a déjà été révélé en 2005 par des études épidémiologiques menées sur des diabétiques. Mais celle conduite par les chercheurs de l'Institut national du cancer de Philadelphie innove en montrant une action similaire chez des sujets (des souris, en l'occurrence) non diabétiques. Et ce, sans incidence sur leur foie. Un médicament sans risque et peu coûteux Ces résultats prometteurs, quoique encore au stade de la recherche en laboratoire, doivent encore être confirmés par des essais cliniques sur les hommes, ce qui peut prendre plusieurs années. Mais si les résultats sont vérifiés chez l'homme, la Metformine présente des avantages non négligeables, estiment les experts. «C'est un médicament connu et utilisé dans le monde entier depuis longtemps, ce qui nous permet de savoir qu'il a très peu d'effets secondaires et ne représente pas de danger pour les patients», souligne Michael Pollak, professeur d'oncologie à l'université de McGill. La familiarité du monde médical avec ce médicament pourrait, notamment, réduire les réticences des médecins à le prescrire pour ce nouvel usage, ajoute-t-il. En outre, la Mmetformine, désormais disponible sous forme générique, est peu coûteuse. Elle est vendue en France sous le nom de Glucophage ou Stagid. Une autre étude, publiée dans la même revue par des chercheurs japonais, révèle, par ailleurs, l'effet protecteur de cette même molécule contre le cancer colorectal. De faible ampleur (elle porte sur 23 patients), elle montre toutefois que des personnes non diabétiques, traitées avec de la Metformine pendant un mois, voyaient le nombre d'ACF (un indicateur précoce d'un possible cancer du colon) baisser «significativement», selon les auteurs de l'étude. P. F. In le Figaro