De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La faiblesse économique et la misère sociale sont permanentes en Kabylie et les aides et dispositifs de soutien aux familles nécessiteuses temporaires. De la poudre aux yeux, en résumé. Juste pour que l'Etat s'attribue le titre de bienfaiteur exclusif et de sauveur des miséreux du peuple. Le monopole du traitement de la pauvreté qu'il crée lui-même par ses politiques sociales menées tambour battant depuis le départ officiel des colons français en 1962. C'est notamment à l'occasion de fêtes religieuses et de la rentrée scolaire que les clivages sociaux et la pauvreté mis en veille durant tout le reste de l'année par l'hypocrisie ambiante émergent. Les familles font face simultanément ces jours-ci à une demande multipliée et diversifiée de leur progéniture appelée à rejoindre les bancs de l'école la semaine prochaine. Une rentrée scolaire et sociale qui clôt en catastrophe un mois de carême dispendieux pour la plupart des familles qui respectent encore scrupuleusement les habitudes culinaires propres au jeûne musulman qui grève les budgets des foyers et même de ceux à l'abri du besoin. Si le mois de carême n'a pas tellement connu de flambée importante des prix des denrées alimentaires de base comme les légumes et les fruits ainsi que les viandes rouge et blanche, il n'en demeure pas moins que l'écrasante majorité du peuple souffre de la misère et du chômage qui sont la réalité de chaque habitant de la région de Kabylie. Ce niveau des prix a été plus ou moins stabilisé durant le carême en partie grâce aux importations «spécial Ramadhan», par le gouvernement, de viandes et la constitution de stocks de plusieurs denrées alimentaires prisées pendant ces trente jours. Des importations destinées à faire baisser les prix sur les marchés pour permettre à toutes les bourses de s'approvisionner pendant le carême. Mais ces mesures exceptionnelles d'importation tous azimuts d'environ 200 tonnes de poisson et de 5 000 t de viande congelée, de 10 000 t de viande ovine fraîche et l'achat auprès des producteurs algériens de 4000 t de viande blanche n'ont pas eu concrètement l'effet escompté et les tarifs des viandes n'ont pas baissé d'un centime, constate-t-on dans la wilaya de Tizi Ouzou. Et jusqu'à ce jour, aucune explication au sujet de l'inefficience des décisions gouvernementales sur le terrain n'a été donnée au public à l'échelle du ministère ou de l'administration locale. Des milliers de chefs de famille ont été ainsi abusés encore une fois par de fausses promesses faites par les plus hautes autorités du pays.Dans la wilaya de Tizi Ouzou, le comité du Croissant-Rouge algérien (CRA) a fait état de la montée «en flèche» chaque année du nombre de demandeurs du «couffin de Ramadhan». Face à cette demande effrayante en aides de subsistance, pour 18 000 familles répertoriées nécessiteuses, la wilaya de Tizi Ouzou a dégagé une enveloppe de solidarité de 80 millions de dinars pour le mois de Ramadhan. Avec cette remarque superflue qui ne correspond nullement au constat empirique que tout un chacun peut faire au contact de la réalité : le mois de Ramadhan de cette année a vu baisser de 2 000 ménages les foyers demandeurs de ce genre d'aides pour la survie par rapport à l'année 2009. La Direction de l'action sociale (DAS) de la wilaya de Tizi Ouzou explique cette baisse par «le fait que, cette année, le recensement a été effectué par les services de la DAS, conformément aux orientations de la tutelle [ministère de la Solidarité], alors qu'auparavant les listes des bénéficiaires étaient établies par les communes». Des commissions locales «au sein desquelles siègent des représentants de comités de quartier et/ou de village, pour garantir la transparence de l'opération qui se doit de profiter aux méritants», précise-t-on de même source.Entre-temps la misère continue inexorablement de disloquer la société en Kabylie !