Lors de son audition par le président Bouteflika, le 29 août dernier, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, a présenté un bilan chiffré qui prête à l'optimisme. Des chiffres qui renseignent sur une évolution remarquable de l'état de santé de la population, de même que celui des structures et des infrastructures. Lors de cette rencontre brève avec le Président, le représentant du gouvernement, ancien médecin, a aussi évoqué les problèmes des professionnels du secteur, dans l'espoir d'avoir le soutien du chef de l'Etat pour la satisfaction de leurs revendications. «J'ai fait part au président de la République de la situation de détresse dans laquelle vivent nos praticiens du secteur public» a-t-il déclaré cette semaine, lors de son déplacement à Annaba. Des changements importants sont constatés dans de nombreuses structures de santé à travers le pays : ouverture de nouveaux services, acquisition de matériel de haut niveau, hygiène hospitalière… sans compter les sanctions prononcées à différentes échelles, de façon à amener tous les intervenants à adhérer au même processus de changement. Ce qui est fait mérite d'être salué et encouragé mais, devrions-nous dire, il reste encore beaucoup de choses à faire. Syndicats et simples citoyens parlent de la nécessité d'aller vers des changements de fond. Pour eux, il ne s'agit pas de peindre des murs, de mettre du marbre dans les structures hospitalières…ni même d'acquérir de nouveaux équipements. Le grand problème, selon eux, réside dans la politique de gestion du secteur : favoritisme, passe-droit, détournement de médicaments et d'équipement médical, voire même de personnes malades… et exercice de la profession dans des cliniques privées, en même temps qu'à l'hôpital. Des médecins et des infirmiers du secteur public s'investissent plus dans leur travail chez le privé, alors que des malades se plaignent de leurs absences répétées à l'hôpital. Des associations de malades protestent contre des situations d'abandon et de laisser-aller dans différentes structures à travers le pays. Des citoyens envoient des lettres anonymes aux services du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, invitant le premier responsable à se rendre «à l'improviste» dans telle ou telle structure pour constater de lui-même le «manque de sérieux» et «le mépris» de certains responsables, médecins et paramédicaux. Au Centre Pierre-et-Marie Curie (CPMC), malgré toutes les plaintes des premiers responsables auprès des représentants du département de la Santé, des problèmes persistent. La prise en charge des malades cancéreux se fait dans des conditions très difficiles : espaces réduits, manque de produits essentiels pour la chimiothérapie et la radiothérapie, etc. Aussi, des malades suivis à l'hôpital se voient souvent obligés de faire leurs analyses chez le privé. Nombreux sont ceux qui demandent un rendez-vous pour un scanner ou une IRM sans jamais y accéder. D'autres problèmes sont encore à citer mais l'essentiel, aujourd'hui, c'est de prendre conscience des dysfonctionnements existants à l'intérieur même du système. Tout est question d'organisation et de respect des textes de loi. K. M.