C'est Abdelhamid Aberkane qui a proposé l'idée depuis 7 ans sans jamais aboutir. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M.Djamel Ould Abbès réactive, le projet de loi sur la santé. Les syndicats de la santé s'accordent à dire que le projet a mis du temps avant de sortir des tiroirs. «C'est une bonne décision pour le secteur de la santé et un acquis dont nous nous félicitons», a estimé, hier, Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), dans une déclaration à L'Expression. Le même responsable a insisté sur le fait que la loi n°85-05 du 16 février 1985, relative à la promotion et à la protection de la santé n'est plus en mesure de répondre au contexte économique, social et politique du pays. Selon lui, les données ont changé en passant d'une économie sociale et dirigée durant les années 80, à une libéralisation du marché. Les besoins de la population sont en constante évolution. Il espère que la nouvelle loi contribuera à la réorganisation du secteur et la pérennisation du système de santé. Cette déclaration vient suite à l'annonce du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, faite mardi dernier à Oran. Il disait que «le projet de loi sur la santé sera bientôt prêt», tout en invitant les syndicats du secteur à apporter leurs avis sur ce projet. Ould Abbès a indiqué que ce projet comprend 400 articles et sera présenté aux syndicats. Mais pour l'instant, «nous ne savons rien sur le contenu de cette nouvelle loi et nous attendons plus d'informations pour nous prononcer définitivement sur le sujet, à condition que cela soit remis à temps, pour que nous puissions faire des propositions», a répondu le Dr Merabet à une question relative à la participation des syndicats dans l'élaboration de ce nouveau document. Même son de cloche chez le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp). Il rappelle qu'un projet similaire a été discuté et élaboré entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux, au temps de l'ancien ministre de la santé, M Abdelhamid Aberkane, (2001-2003). Mais il paraît, et selon M.Yousfi, le successeur de Aberkane, en l'occurrence Mourad Redjimi a mis ce projet dans le tiroir et l'a renvoyé aux calendes grecques. «C'est ce qui a chamboulé tout le secteur de la santé et a causé toute cette anarchie dont il souffre actuellement», fustige, le même syndicaliste. Selon lui, «ce travail déjà réalisé il y a sept ans devrait servir de document de base pour l'élaboration de la nouvelle loi sur la santé». «Les pouvoirs publics n'ont fait pendant tout ce temps, que du bricolage au détriment de la santé publique», assène-t-il encore. S'agissant de l'élaboration d'une nouvelle carte sanitaire, les deux syndicalistes ont insisté sur l'urgence que constitue une telle carte. Selon eux, une véritable anarchie règne depuis janvier 2008 en ce qui concerne la gestion des établissements et autres structures du secteur. L'instauration des établissements publics de santé de proximité (Epsp) en est la preuve. «Jusqu'à ce jours, il n y a pas un arrêté de création de ces établissements», révèle Lyès Merabet, à lui d'ajouter que «cette décision a été prise sans aucune réflexion». En effet des responsables en charge de la gestion de ces établissements attendent toujours leur installation. «Ils ont la qualité de gestionnaire ni plus ni moins, et ils sont payés en tan que médecins dans la plupart des cas», déplore encore le président du Snpsp. Pour le Dr Yousfi, «la nouvelle carte doit impérativement tenir compte du paysage sanitaire, répondre aux besoins des populations, garantir la place des uns et des autres et consacre -ce qu'il appelle la démocratie médicale». Le même interlocuteur estime que rien n'empêche l'existence des CHU à côté des hôpitaux de santé publique (HSP), que les responsables ont détournés. «Les HSP peuvent aussi assurer la formation des étudiants», a-t-il enfin déclaré, en réplique à l'argument des pouvoirs publics avancé lors du remplacement des HSP par les CHU.