Dix jours après le début de la grève, la colère des intendants de l'éducation nationale semble atteindre son paroxysme. Dans la grande cour du siège de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), plus d'une centaine de personnes étaient rassemblées hier. Un homme, les deux mains sur la tête, criait à s'abîmer le gosier : «Au diable l'UGTA, on ne doit plus en parler, on ne doit plus la croire.» Une salve d'applaudissements a suivi cette proclamation incisive hurlée par un travailleur épuisé et révolté. Il n'était pas seul ; une centaine d'intendants, venus des quatre coins du pays, ont passé des heures à l'entrée du siège de l'UGTA pour faire entendre leur voix, mais en vain, l'Union générale des travailleurs algériens ayant refusé de leur ouvrir ses portes. Devant cette indifférence froide et déclarée, les débats étaient houleux pour s'entendre sur la démarche à suivre. Vingt-sept wilayas penchent pour un gel de la grève ; cinq, notamment celles de Kabylie, encouragent sans conteste la poursuite du mouvement de grève. «On a du mal à nous entendre et à nous unir autour de la même démarche», soutient un intendant venu d'Oued Souf pour cette rencontre sur laquelle il avait fondé beaucoup d'attentes et dont il parle avec déception. Un autre exprime sans retenu sa colère de voir l'UGTA refuser de les recevoir : «L'UGTA est là pour conforter les décisions du pouvoir, elle n'est pas là pour défendre les intérêts des travailleurs mais pour les brimer.» Ainsi, après les menaces de Boubekeur Benbouzid, qui a jugé, la semaine dernière, les revendications de la coordination nationale des personnels de l'intendance de l'éducation (CNPIE), affiliée à l'UGTA, «sans fondement», les intendants sont dans l'impasse, en l'absence d'organisation leur permettant d'exister réellement et de défendre leurs droits. Les intendants, qui représentent près de 10% des travailleurs de l'éducation nationale, dénoncent leur «exclusion volontaire» des avantages du nouveau régime indemnitaire par le ministère de l'Education nationale. En effet, le décret exécutif numéro 10-78, promulgué au mois de février dernier, instaurait un régime indemnitaire au profit des personnels de l'éducation, et le corps des intendants était exclu de certaines indemnités pédagogiques, particulièrement l'indemnité d'expérience pédagogique et celle de documentation. F. B.