Quelque 4 000 souscripteurs au programme de logements AADL 2001 menacent de sortir dans la rue pour protester contre les responsables du secteur de l'habitat. Le rendez-vous est pris pour le 5 octobre prochain devant le siège du ministère. Et pour cause ! «Il y en a marre. Nous en avons assez d'attendre. Nous devons agir. Nous devons réagir au laisser-aller et à l'indifférence», s'écrient des personnes au bout du désespoir, présentes hier dans la salle de conférences du siège du FFS à Alger. 200 personnes environ étaient venues prendre part aux décisions d'une nouvelle assemblée générale de l'association qu'elles viennent de créer. «Désormais, toutes nos actions s'inscriront dans le cadre de cette association. Nous agissons dans un cadre légal pour la défense de notre droit constitutionnel […]», lance le porte-parole de l'association, Ayachi Akil. Pour précision, les 4 000 souscripteurs ont juste l'avis favorable de l'AADL pour «des projets futurs». Ils n'ont pas de promesse d'être affectés dans un quelconque site et ils n'ont effectué aucun versement. L'attente de près de dix ans les exaspère, d'autant que, entre temps, d'autres ont bénéficié de logements AADL de manière «louche». Les souscripteurs en colère accusent l'AADL de «trafic», de «corruption»… et de «mépris» à leur égard. «Il faut changer le nom de cette agence. Ça ne devrait plus être ADL (justice en arabe) mais dholm (injustice). C'est aberrant ce qui se passe dans cette agence», lance un homme d'une cinquantaine d'années. «Des citoyens ont bénéficié de ces logements en 2006, 2007, 2008, alors qu'ils ne se sont inscrits que des années après. Peut-être même qu'ils n'ont jamais déposé de dossier […] Des logements sont fermés. D'autres sont loués», appuient deux autres personnes. Pour le moment, «nous voulons que le ministère de l'Habitat trouve une solution à notre problème». Selon les représentants de l'association regroupant ces souscripteurs, aussi bien le président de la République que le ministre de l'Habitat ont été saisis par courrier pour donner une réponse favorable à leur demande. Aucune réponse. Des députés de l'APN et des élus de la wilaya d'Alger ont été également sensibilisés, mais l'interpellation du ministre et de ses proches n'a rien donné. Pourtant, des sources indiquent que le président Bouteflika a instruit son ministre pour résoudre le problème. Là encore, pas de suite. Pis, interpellé sur la question, le ministre de l'Habitat aurait dit à un proche du dossier qu'il ne peut rien faire : «Le programme 2001, c'est terminé. Je ne peux rien faire maintenant.» Cette réponse inquiète les concernés surtout qu'à Alger, il y a un grand problème de foncier. «Non. Il y a une assiette à Rouiba. Ils peuvent bien y construire 4 000 logements», réplique un des souscripteurs, qui, malgré toutes les contraintes, garde espoir d'avoir enfin sa maison. Mais pour cela, «nous devons nous organiser. C'est l'union qui fait la force. Nous devons agir ensemble pour un même objectif. Ne comptez pas sur une poignée de personnes pour vous représenter tous», insiste un représentant de l'association. Un plan a été élaboré avec des actions pacifiques : «Nous agirons dans la légalité, avec des actions pacifiques.» L'aboutissement de ces actions dépendra de l'engagement, mais aussi du sérieux des concernés. En ces temps de récupération des associations et des organisations syndicales, pour ne pas dire carrément des consciences, il est difficile de s'en tenir aux seules promesses de représentant d'un groupe. Cette organisation de la société civile est toutefois à saluer. La passivité et l'inaction alimentent le déni de droit et les passe-droits. K. M.