De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La question relative à la restauration, préservation et exposition du patrimoine des villes (matériel ou immatériel) est relancée de plus belle en Algérie. Pour cela, le mérite revient en grande partie aux initiatives entreprises à l'échelle nationale par les pouvoirs publics, soutenus dans leur œuvre par quelques idées émanant de la tutelle internationale quant à la nécessité de garder les temples préhistoriques debout sinon les réveiller de leur léthargie. Egalement, faut-il signaler, la présence de quelques mécènes soucieux de cet acquis. Contre vents et marées, ils tentent d'apporter des éclairages quant à la méthode à suivre pour favoriser un grand impact sur ladite protection et essentiellement sa diffusion.La préservation du patrimoine à Constantine demeure attachée aux esquisses ancestrales dont la pérennité est liée directement aux subventions étatiques. Les rares associations qui y veillent bénévolement se démènent pour maintenir les lettres anciennes de ce legs historique. Tidis, «amis» du musée et du palais Ahmed Bey, pour ne citer que celles-ci, du moins, actives sur le terrain jaillissant par des suggestions, quoique les mannes qui leur sont attribuées restent faibles pour assurer une connaissance du valeureux patrimoine matériel et immatériel que recèle la capitale de l'Est. L'ordre du jour n'étant pas à la création d'un office local spécialisé en la matière et dont les prérogatives primaires concerneraient la mise en place d'une éventuelle banque de données des différents goûts, habits, musiques, architectures se rapportant à la ville. Des volontés individuelles se mettent loin du circuit administratif. «Notre objectif est defaire connaître à la population une partie de la richesse enfouie dans Constantine», expose le président de l'association Tidis à Beni H'midane. Pour les amis du musée, le ton est quasi le même. Ayant hérité d'un espace au niveau de l'enceinte Cirta, ils organisent périodiquement des séances et préparent à longueur d'année le programme qui sera destiné au grand public. Soutenue par l'APW, cette alliance brille notamment lors des manifestations du mois du patrimoine mis en branle par la tutelle ces dernières années. Aussi, elle demeure en perpétuelle «sentinelle» d'objets, de manuscrits déposés par les citoyens et se référant à la cité millénaire. Constantine, qui incarne les ponts, le maalouf, la vieille ville, les plats délicieux, n'en garde qu'une partition. En déperdition graduelle, son patrimoine est figé dans des cercles clos sans grande ouverture universelle régissant sa diffusion ou sa préservation. Là, il importe d'évoquer une grande partie des citoyens qui boudent cet acquis historique et identitaire constituant la carte génétique de Constantine. Pour s'en convaincre, rien de tel que de sillonner certains sites historiques et leur état lamentable. Le monument aux morts brille la nuit par ses lumières confectionnées par la commune, mais ce n'est que la face cachée d'un site hanté de saleté et de négligence quand il s'agit de son entretien. Combien de fois n'a- t-on pas proposé la prise en charge des espaces historiques caractérisant les années lumineuses de Constantine, en vain. Une fois les sessions terminées, les dossiers retournent dans les tiroirs pour reposer en paix ! Ce qui amène à dire que beaucoup d'actes de sensibilisation sont recommandés pour réactiver l'engouement de la population vis-à-vis des traces historiques. Certes, le mois du patrimoine organisé en mai dernier aura laissé des signes de satisfaction compte tenu des visites effectuées par des personnes intra ou extra-muros dans les divers stands d'exposition proposés par le musée et la direction de la culture. Mais cet élan engrangé devrait se généraliser avec le concours de toutes les compétences afin de faire de la capitale de l'Est un pôle d'intérêt permanent et non une vitrine occasionnelle agrémentée pour les besoins provinciaux. Le patrimoine n'est pas un tremplin qui sert à des tiers pour se mettre sur le devant de la scène et jeter de la poudre aux yeux. «C'est une action à entretenir à longueur d'année. Elle n'a pas de prix. Ainsi sa préservation et notamment sa transmission devraient occuper une place primordiale», soutient un acteur influant, mettant le doigt sur des repères authentiques à Constantine qui ont été affectés par l'inconscience et le manque de savoir faire. Cela se rapporte notamment à la vieille ville dont les séquelles de la bêtise humaine persistent. Malgré sa réhabilitation en cours d'exécution depuis l'année passée, la médina reflète une partie «artificielle» de son passé pourtant naturel. Sauver ce qui reste est l'opération lancée par les pouvoirs publics locaux pour maintenir toujours battant le cœur de Constantine, la vieille ville. L'implication doit être totale.