Le commissaire du SILA s'est engagé dans une aventure politicienne n'ayant aucun sens pour se retrouver seul face aux intellectuels algériens, refusant de se laisser embarquer dans une surenchère anti-égyptienne qui n'a pas lieu d'être, y compris lorsque la crise est provoquée par la réaction chauvine d'une certaine classe égyptienne mue davantage par la défense de ses intérêts politiques et économiques que par la haine des Algériens. Pourtant, il s'agit d'une manifestation culturelle et scientifique qui doit transcender tous les clivages et toutes les considérations idéologiques et politiques. Certes, des artistes égyptiens ont porté atteinte aux symboles nationaux, ont interdit aux cinéastes algériens de participer à un festival du cinéma arabe, des avocats égyptiens ont brûlé le drapeau national, mais les responsables algériens doivent se placer au-dessus de ces bassesses que la majorité des Egyptiens ne cautionnent pas. Fallait-il tomber dans le piège de la haine ? Le commissaire du SILA aurait pu se limiter à faire son travail d'intellectuel et ouvrir le Salon à toutes les nations sans exclusion car la connaissance, la culture et la science n'ont ni nationalité, ni ethnie, ni religion, ni idéologie, ni langue. Pourquoi M. Améziane s'est-t-il ravisé et a changé d'avis ? Est-ce parce que les éditeurs arabes ont décidé de boycotter le SILA en raison de l'exclusion des éditeurs égyptiens ?Ce revirement traduit plus la peur de l'échec d'une manifestation culturelle qu'une attitude conciliante. Le commissaire du SILA aurait pu s'éviter cette situation gênante s'il avait compris le sens de la visite éclair de Moubarak à Alger au lendemain de la mort de Mustapha Bouteflika. Il s'agissait alors du repentir d'un chef d'Etat qui s'est rendu compte du mal fait à l'Algérie juste pour sauver son régime. Le différend avec l'Egypte, c'est de l'histoire ancienne depuis longtemps. Est-ce raisonnable de continuer à brandir la hache d'une guerre qui n'a jamais eu lieu ? Est-ce raisonnable de ne pas écouter la voix de la raison qu'ont exprimée des intellectuels algériens contre des attitudes de hooligans, alors que le hooliganisme culturel est condamné par tous ? Confondre un régime et une nation est une insulte à l'intelligence. La presse a rapporté que le commissaire du Festival international du théâtre aurait refusé la présence égyptienne. Ce serait une honte si cela se confirmait. Les festivités culturelles n'auraient aucun sens si elles ne rapprochaient pas les nations et si elles n'aidaient pas à régler des différends d'une autre nature. Si l'esprit sportif fait défaut dans le sport même, l'esprit culturel devra faire valoir les valeurs humaines de noblesse, de pardon et de réconciliation.L'Algérie et les Algériens n'ont jamais été xénophobes pour nourrir ces sentiments injustifiés de certains responsables de festivals culturels qui portent plus atteinte à l'image de l'Algérie qu'ils ne la servent. A. G.