Aucune ébréchure n'est laissé eaux égyptiens pour pénétrer dans aucune de nos arènes artistiques. Pas de diffusion sur notre petit écran de leurs produits idéologiquement bourgeois, pas d'invitation sur les podiums de nos florissants festivals, pas d'accueil sur les rares rencontres cinématographiques et surtout et cette fois ci c'est plutôt lourd, pas d'existence d'un seul ouvrage paraphé en Egypte sur les grandioses étals du prochain salon international du livre d'Alger. Un rendez vous qui se déroulera du 26 octobre au 6 novembre prochain et qui habituellement concède une place particulière aux acteurs du livre de l'Orient notamment l'Egypte qui vient avec pas moins d'une dizaine de maisons d'édition. La décision de bannir les egyptiens de ce salon émane de Smain Ameziane, commissaire depuis deux ans de cette rencontre et également patron des éditions Casbah. Il l'a annoncé lors d'un point de presse improvisé à la bibliothèque nationale en toute âme et conscience. " Ma conscience ne me permet pas d'inviter les Egyptiens, aujourd'hui, bien que parmi eux, il y a des amis. C'est par respect au peuple algérien et aux gens qui ont été maltraités au Caire lors de la rencontre entre l'equipe nationale de football et son homologue égyptienne que cette décision a été prise, le contraire aurait été de la pure provocation..." a avoué Smaïn Ameziane ajoutant qu'en tant que commissaire de l'événement "je n'investirai pas un centime pour leur sécurité, ni à la sécurité de leurs biens." Un détail de taille, le conférencier a tenue à préciser que cette décision vient de lui-même et donc n'a reçu aucune instruction de qui que ce soit. En tant que commissaire et selon ses prérogatives, il est souverain d'inviter qui il veut. Le lynchage des médias, de la rue, des intellectuels égyptiens après le match qui a opposé il y a neuf mois l'Algérie à l'Egypte pour la qualification à la coupe du monde 2010 semble encore très présent dans les esprits. Smain Ameziane semble vouloir par cette décision rendre justice à un peuple qui a été violemment offensé suite à l'épisode tragique du caillassage du bus de l'équipe nationale au Caire. " C'est par respect au peuple algérien et par respect aux personnes qui ont été massacrées et caillassées dans le car. On ne peut pas oublier. Ma conscience ne me permet pas de provoquer ! a-t-il encore expliqué ajoutant " je ne peux pas inviter des gens qui se sont permis le luxe de dénigrer l'Algérie, son histoire et ses martyrs, surtout venant de la part d'intellectuels ! ". Œil pour œil ! Mais encore, Smain Ameziane qui insiste sur la souveraineté de sa décision, précise que l'unions des éditeurs égyptiens lui ont envoyés un courrier demandant à participer au prochain SILA, et que lui n'a même pas jugé utile d'y répondre. Restée lettre morte, cette demande n'aura aucune suite et Ameziane s'explique : "Je n'ai pas répondu au courrier de l'Union des éditeurs égyptiens" a t-il précisé ajoutant que les réactions que ce refus aurait suscité dans le milieu du livre égyptien, il n'en se soucis pas. " Si vous lisez attentivement le règlement intérieur du Sila, le commissaire est souverain " Selon Smaine Ameziane la ministre de la culture, Khalida Toumi aurait donné instruction pour faire le ménage au prochain Sila et que ceci n'a rien à avoir avec cette décision absolument personnele. Difficile de le croire lorsqu'on sait le risque que ça pourrait prendre si au SILA, les mordus des verts se vengeaient sur les éditeurs égyptiens sous les yeux de hôtes venus du monde entier !