Faire des projets, c'est bien. Les mener à terme, c'est mieux. L'Algérie s'est distinguée ces dernières années par l'élaboration et le lancement de nombreux projets. Structurants, stratégiques, importants, grands, méga… il y en a pour tous les qualifiants, et dans différents secteurs : l'éducation, l'habitat, l'emploi, le transport, l'hydraulique, la santé… Mais de tous ces projets, rares sont ceux qui seront finalisés à la date fixée, ou plutôt aux dates fixées. Car, il y a des projets qui ont vu plus d'une fois la date de leur réception repoussée. L'exemple le plus connu est certainement le métro d'Alger dont les travaux se sont définitivement inscrits dans le très long terme, proche des calendes grecques. Ce travers de la planification algérienne embryonnaire a d'ailleurs souvent été soulevé par le chef de l'Etat, quand il ne suscite pas son ire. L'insistance du Président sur la nécessité de respecter les délais de réalisation et de livraison des projets est récurrente. A chaque sortie, dans toutes ses visites et déplacements, on le voit rappeler à l'ordre, vertement, les responsables de tel projet ou tel chantier qui a pris du retard… pour différentes raisons. Car, il y effectivement des raisons à ces retards qui ont transformé nombre de projets algériens en éternels chantiers. Quant à la légitimité et à la recevabilité de ces raisons, il est bien difficile d'y souscrire quand on a vu de quoi sont capables une bonne planification et une véritable étude technique qui peuvent établir avec une exactitude mathématique les interdépendances de tous les paramètres, qu'ils soient endogènes ou exogènes, entrant dans la réalisation du projet. Rien n'est laissé au hasard, ou si peu. Or, combien de chantiers ont été paralysés à cause de la panne d'un engin dont on n'arrive pas à trouver la pièce de rechange ? Des chantiers du supra-grand projet immobilier d'un million de logements se sont retrouvés à l'arrêt pour cause de pénurie de tel matériau de construction ou tel autre, notamment le ciment, ce qui a d'ailleurs amené le pays à décider d'importer deux millions de tonnes de ciment. Les travaux de l'autoroute Est-Ouest ont eu droit aux pénuries et aux problèmes d'expropriations. Idem pour le tram dont le parcours passe par des habitations qu'il faudra détruire ou le chantier du métro qui est passé par des couches souterraines que les études de sols avaient omis de signaler… Tous ces éléments de blocage sont réels et incontournables. Mais ils sont aussi prévisibles, quand on prend la peine de tracer des perspectives, non en alignant des discours mais des schémas et des plans pointus qui ne laisseraient rien au hasard, ou si peu. Dès lors, il s'agira d'oublier ce réflexe de vouloir tirer la couverture à soi et convoquer l'intersectorialité pour travailler de concert à la réalisation des projets nécessitant l'intervention de plusieurs secteurs. Faudra-t-il encore avoir le sens de l'exactitude qui impose le respect, au jour près, des dates arrêtées pour la réalisation et la livraison du projet. La fin 2009 a été choisie comme date de réception de nombreux chantiers. Pour nombre d'entre eux, les responsables ont tronqué le chrono contre un sablier et parlent de la réalisation d'une grande partie du projet. Le reste sera pour après la date arrêtée. Ce n'est pas avec un sablier comme instrument de mesure de temps et l'approximation comme échelle de progrès que l'Algérie risque de battre des records de vitesse et de réalisation… H. G.