Même si le dialogue politique n'a jamais cessé entre l'Algérie et la Russie (d'autant que les relations diplomatiques entre les deux pays remontent aux premiers temps de l'indépendance algérienne), leur coopération tous azimuts a, cependant, enregistré un certain ralentissement durant la décennie quatre-vingt-dix, suite à la dislocation de l'Union soviétique et aux processus de transition qu'ont connus les deux pays. Toutefois, une reprise sensible de cette coopération est nettement perceptible depuis quelques années, notamment après l'arrivée au pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika. Les statistiques de ces dernières années illustrent clairement la hausse du volume des échanges commerciaux entre les deux pays. Longtemps axée sur les mines, l'énergie, et surtout l'armement (1,5 milliard de dollars d'échanges commerciaux dans le domaine militaire et 500 millions dollars dans divers secteurs), la coopération économico-commerciale algéro-russe est en phase de connaître un nouveau souffle. En effet, les Russes qui veulent se replacer sur le marché algérien comptent s'engager dans une voie multisectorielle. En «démilitarisant» d'une manière graduelle la coopération commerciale avec l'Algérie, la Russie, séduite par les différents chantiers mis en œuvre dans le cadre du prochain plan quinquennal, ne veut absolument pas laisser les autres secteurs leur échapper. Les plus visés par les Russes, la construction, l'électricité, les énergies renouvelables, l'agriculture, ainsi que le secteur de la pétrochimie.Mettant en valeur l'excellente relation politique avec l'Algérie, ce pays qui a eu, durant les années 70 et 80 à former dans les universités et instituts de formation soviétiques, en particulier à Moscou et à Saint-Pétersbourg, près de 4 000 étudiants algériens dont environ 500 docteurs d'Etat dans divers secteurs d'activité, compte également tirer profit de cette dimension humaine de sa relation avec l'Algérie. Elle constitue à l'évidence une base précieuse pour la construction aujourd'hui d'une relation solide entre les deux pays et pour le renouveau de leur coopération. Plusieurs visites d'Etat et divers accords de partenariat signés C'est d'ailleurs dans cet esprit que les visites d'Etat et rencontres officielles entre les plus hauts responsables des deux pays se sont effectuées et organisées. A titre indicatif, depuis 2000, le président Bouteflika a rencontré environ sept fois l'ex-président russe et l'actuel Premier ministre, Vladimir Poutine. La dernière visite effectuée par le chef de l'Etat à Moscou était en février 2008, soit deux ans après celle effectuée par Poutine à Alger (2006). A la faveur de ces visites, plusieurs documents ont été signés, notamment un accord sur les rapports commerciaux, économiques et financiers et surtout sur l'annulation de la dette de l'Algérie vis-à-vis de la Russie, d'un montant de 4,737 milliards de dollars. Cet accord prévoit l'achat par l'Algérie d'équipements pour une somme égale ou supérieure au montant de la dette annulée. Des accords sur la non-double imposition, sur l'encouragement et la protection réciproque des investissements ainsi que sur la coopération entre les chambres de commerce et d'industrie des deux pays ont également été signés. L'actuel président russe, voulant vraisemblablement approfondir le travail accompli par son prédécesseur et actuel chef du gouvernement, M. Poutine, est annoncé à la tête d'une forte délégation d'hommes d'affaires russes les 6, 7 et 8 octobre à Alger, et ce, à la faveur de la tenue du premier forum d'affaires russo-algérien et la première exposition des produits et services russes dans notre pays. Près de 120 hommes d'affaires, représentants de plus d'une quarantaine d'entreprises activant dans plusieurs secteurs d'activité notamment la construction, l'électricité et surtout dans les énergies renouvelables et l'agriculture, sont ainsi attendus la semaine prochaine à Alger. Selon le président du Conseil d'hommes d'affaires algéro-russes, «cette manifestation économique s'inscrit dans le cadre des initiatives de promotion des relations d'affaires entre l'Algérie et la Russie. Les deux pays ont besoin de prendre des initiatives pour renforcer les relations économiques afin de les hisser au niveau de l'excellence des relations diplomatiques». Ce responsable ajoutera que l'exposition des produits et services russes qui sera organisée en marge de ce forum, «revêt un caractère particulier» et «augure d'un avenir florissant entre les deux pays». Approfondir les relations commerciales entre les deux pays Lors d'un point de presse tenu récemment à Alger, l'ambassadeur de la Russie en Algérie, Allexendre Egpov, a estimé pour sa part que le forum d'affaires algéro-russe constitue «une occasion pour examiner les opportunités d'affaires entre les deux pays, engager des contacts d'affaires et prospecter les possibilités de partenariat». Cette manifestation «s'inscrit en droite ligne avec la volonté des autorités russes d'inciter les sociétés russes à renforcer leur présence sur le marché algérien en participant à la mise en œuvre des différents programmes d'investissements engagés par les pouvoirs publics ou même prendre des initiatives d'investissement direct dans le cadre de partenariats avec des opérateurs algériens conformément aux règles en vigueur», indiquera le diplomate. Interrogé sur l'impact des nouvelles mesures prises dans le cadre des lois de finances, notamment la règle 49-51%, pour les éventuels investissements russes dans notre pays, l'ambassadeur affirmera que celles-ci «ne décourageront pas les hommes d'affaires russes à investir en Algérie». Et «on n'a pas à donner une appréciation sur les lois de la République algérienne. C'est aux opérateurs économiques russes de travailler en Algérie dans le cadre des lois qui y existent. L'essentiel est de trouver un bon et fiable partenaire algérien pour tout projet», précisera-t-il. S. B.