Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar
De leur part, les spécialistes et experts continuaient de réfléchir autour des effets de la crise et ses retombées sur l'avenir des productions de gaz naturel. Kioshi Miazaki, un expert japonais dans les prix du gaz dans le monde, expliquera que «le temps est facteur déterminant dans la crise actuelle». Pour cet expert chevronné, à la longue, «les prix Henry Hub et NBP pourraient devenir les prix indexés de l'Asie pacifique dans les contrats de LNG». Il estimera que les prix du gaz indexé au pétrole sont devenus très volatils depuis 2005. «L'année 2007/2008 a vu le déversement des capacités nouvelles et importantes sur le marché. Plus de 100 millions de tonnes métriques ont été ajoutés au marché», dira-t-il. Il considère que «les futurs contrats à long terme doivent prendre en considération l'indexation du prix du pétrole asiatique». Pour l'horizon 2014, 100 autres millions métriques de GNL seront disponibles sur le marché. Il estimera par ailleurs, qu'«il est très difficile d'imaginer l'intégration des marchés régionaux dans les contrats à longs termes». Pour cet expert japonais «il existe trois événements qui ont prévalu à cette situation, à commencer par les fluctuations des prix du pétrole, les approvisionnements abondants et la volatilité des prix NBP par rapport aux prix du pétrole». Et d'ajouter que «pour assurer une sécurité des approvisionnements, les prix du gaz vont continuer à refléter les coûts de production en Asie», estimera-t-il avant d'ajouter : «Il y a une résistance générale à l'introduction rapide des prix NBP et Henry Hub dans les contrats à long terme en Asie. Tout cela dépend de l'équation acheteurs/fournisseurs», conclura-t-il. Des complications pour les industries de la chaîne gazière D'aucuns parmi les spécialistes ayant assisté à la rencontre du GNL16 qui s'est tenue à Oran du 18 au 21 avril 2010 s'accordent à dire que la conférence mondiale du gaz aura été un moment crucial dans la situation des marchés gaziers dans le monde. Le GNL 16 a été le cadre approprié pour discuter et disséquer la situation des marchés mondiaux de gaz, mais aussi pour tracer les perspectives qui s'offrent pour les pays producteurs et exportateurs de gaz et surtout rapprocher les points de vue aussi bien des pays, que ceux des spécialistes et des intervenants dans la chaîne gazière. Il va sans dire qu'en plus de la crise financière mondiale, la dégringolade des prix du gaz dans les marchés mondiaux a produit des effets néfastes dans tous les segments de la chaîne que ce soit en Up Stream, Mid Stream et en Down Stream. Beaucoup de spécialistes ont abondé dans le sens d'une reprise des marchés dans quelques années. Cependant, cela n'empêche pas les effets de la crise de se répercuter immédiatement et pendant quelques années encore sur les affaires des différentes entreprises et sociétés mondiales évoluant tout au long de la chaîne gazière. Au cours de la Conférence mondiale sur le gaz à Oran, nous avons pu prendre attache avec quelques entreprises qui interviennent en amont ou en aval de l'activité gazière. Pour certains, les soucis et les problèmes ne font que commencer. Pour d'autres, plus costauds, le crise a juste ralenti leurs activités. CCC persiste malgré les fluctuations Consolidated Contractors Company (CCC) est une société de contractants née en 1952. Elle est présente sur le sol algérien depuis cinq années déjà. «Nous ne sommes pas en Algérie pour faire de la concurrence aux sociétés algériennes. D'ailleurs, nous n'avons jamais soumissionné dans des projets où il y avait des soumissionnaires algériens. Chez nous, c'est une politique», nous explique M. Georges Assi, directeur général adjoint de CCC. Pour ce qui est des retombées de la crise actuelle sur les activités de cette société libanaise, «en fait, ce sont les activités et les investissements de nos partenaires qui ont été touchés par la crise. Du coup, ça ralentit nos projets. Beaucoup de nos clients se retrouvent en difficulté, même en Algérie. Mais nous ne pouvons pas leur demander de payer dans l'immédiat. Il y a quand même des exceptions et des largesses pour certains», notera notre interlocuteur. CCC compte plus d'une quarantaine de sociétés et de filiales dans plus de 43 pays dans le monde. Les revenus du groupe ont connu une baisse significative après une hausse fulgurante, totalisant pas moins de 6 525 millions de dollars en 2009, 5 700 millions de dollars en 2010 et des prévisions de l'ordre de 4 985 millions de dollars pour le plan 2011. De telles perspectives ont nécessité une baisse des effectifs qui étaient de près de 170 000 travailleurs en 2008 et qui ne dépassent guère les 160 000 en 2009. Le groupe, qui compte plus de 20 000 engins, compresseurs et autres équipements de pointe, ne baisse pas les bras pour autant. «Nous sommes patients. Nous continuerons à investir et soumissionner dans les grands projets partout dans le monde», notera notre interlocuteur. Le «Slim Program» déclenché à Panalpina Panalpina, troisième leader mondial suisse spécialisé dans le transport et la logistique atour de la chaîne gazière, est également en souci. Présente dans les 6 continents, comptant quelque 274 agences et plus de 110 000 travailleurs dans le monde, Panalpina a tiré la sonnette d'alarme en déclenchant le plan «Slim Progam» en 2009. Depuis une baisse significative des effectifs a été opérée, en attendant des jours meilleurs. Sofiane Mani, responsable des opérations dans la filiale d'Algérie, nous explique que «Panalpina a été, bien entendu, touchée par les effets de la crise financière dans le monde. Il y a eu réduction des coûts et baisse des effectifs partout dans les agences». Le groupe suisse compte parmi ses clients Siemens, Areva, Snef et d'autres. Les capacités GNL stockées par les Etats-Unis, une menace pour les cours IHI est une société japonaise qui compte également une longue expérience dans les méthaniers et la fabrication des complexes de GPL dans le monde et en Algérie également. Elle est présente en Algérie depuis 1976 où elle a réalisé une unité de séparation GPL à Skikda. A Arzew, IHI a également réalisé le complexe GPIZ et la station de dessalement et la centrale électrique Kahrama. Pour M. Ito, business manager, «les temps sont difficiles pour la société.» Il estime que la situation est très préoccupante dans certains pays. «Si les marchés spot des Etats-Unis venaient à être alimentés par les réserves US existantes, la situation pourrait empirer davantage», dira-t-il.