De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Comment peut-on réguler un marché anarchique qui n'obéit pas à une culture concurrentielle ? Il serait prétentieux d'évoquer l'existence d'une réglementation régissant les commerces quand il s'agit de prix ou de la nature même de l'activité commerciale pratiquée. A cet effet, on apprend de sources concordantes qu'une réflexion est engagée pour l'élaboration d'un projet de loi portant révision sur la concurrence. «Le marché n'est pas encore structuré pour promouvoir une telle application. De plus, les outils de production sont presque absents. C'est l'importation qui domine», atteste notre même source de la direction du commerce de wilaya. A vrai dire, le commerce informel et la concurrence déloyale auront tout touché à Constantine et ce n'est pas seulement le propre de cette métropole. L'unification des prix, sous l'entente antiprofessionnelle, demeure déjà une fragilité qui gangrène les marchés. A qui incombe cet amateurisme commercial ? «Il faudrait au préalable sensibiliser d'une part le consommateur et de l'autre l'opérateur même pour sortir la pratique commerciale de cette anarchie lésant les poches du citoyen et, par ricochet, l'économie de l'Etat», analyse un cadre de la direction du commerce. Sous un autre éclairage, certains experts se félicitent de la nouvelle loi complémentaire de finance paraphée dernièrement par Ouyahia. Le Credoc aura permis de passer au tamis les vrais importateurs, c'est-à-dire les potentiels, il reste maintenant que les banques freinent cette hémorragie en devises. C'est par-dessus tout la traçabilité qui devrait primer à l'avenir à la faveur de cette loi qui, pourtant, n'aura pas fait l'unanimité chez tous les acteurs, voire les habitués de l'importation. Par ailleurs, compte tenu de ces éclairages, il serait prématuré de parler d'une concurrence sous ses deux formes, loyale ou déloyale, même si c'est celle-ci qui prédomine dès lors que l'éradication du marché de l'informel tarde à s'imposer catégoriquement. Il ne se passe pas un jour sans que les brigades de la direction du commerce établissent de PV relatifs à la fraude, contrefaçon et à la pratique commerciale. Constantine demeure dominée par ses marchés hebdomadaires la ceinturant dans la périphérie. Quoique autorisés, ces souks n'obéissent à aucune réglementation, laissant libre cours à des transactions tous azimuts qui viennent l'alourdir. Si les friperies ont enregistré un net recul au terme de la loi susmentionnée, il reste à mettre la main sur le marché des pièces de rechange qui nécessite un laboratoire national afin d'éviter un danger quasi certain pour le consommateur.Parler de la concurrence et du marché informel revient à coucher des batteries qui prennent naissance aussi bien chez l'opérateur, le consommateur que chez l'Union générale des commerçants algériens (UGCAA) dont le rôle n'est pas facultatif. Cette dernière devrait en fait sensibiliser et tenter des enquêtes sur la pratique frauduleuse afin de fluidifier et même d'apporter des indices sur l'ampleur du fléau qui paralyseune pratique saine et concurrentielle.