Le 3 octobre prochain, Dilma Rousseff pourrait devenir présidente du Brésil, succédant ainsi au toujours populaire Ignacio Lula da Silva. Ce dernier qui n'a cessé de pousser sa candidate favorite au succès n'a jamais réalisé l'exploit d'être élu au premier tour. Dilma comme l'appelle les Brésiliens, inconnue du grand public il y a encore six mois, est bien partie pour réaliser la prouesse. Selon les sondages, celle qui surfe sur la popularité phénoménale de Lula dépasse de loin ses adversaires et est bien placée pour le poste suprême. Les candidats à l'élection présidentielle dans ce pays de 190 millions d'habitants ont tenté de séduire les électeurs au terme d'une campagne jugée terne par la presse. Après trois mois de «combat politique», la seule surprise a été l'effondrement du candidat José Serra, en tête début juillet. Le candidat social-démocrate se retrouve aujourd'hui distancé de plus de 25 points par Dilma Rousseff. Cette dernière fait chauffer les sondages obtenant à chaque fois plus de la moitié des suffrages exprimés. Ses deux principaux adversaires, le social-démocrate José Serra, et la chef de file des Verts, Marina Silva, n'entendent pas se laisser distancer par la préférée de Lula. Les deux adversaires ont redoublé d'efforts pour pousser la bataille vers un deuxième tour prévu le 31 octobre. Dilma, 62 ans, José Serra (ex-gouverneur de Sao Paulo), 68 ans, et Marina Silva (ex-ministre de l'Environnement de Lula), 52 ans, ont multiplié, ces derniers jours, leurs apparitions publiques. Le face-à-face lors du débat télévisé organisé par la chaîne Globo devait constituer le clou de la campagne. Mais ce cinquième et dernier débat, que Serra et Marina da Silva espéraient décisif, a été comme les précédents : des plus mornes d'après les médias sur place. «Il s'est plus agi d'une série de monologues par des candidats crispés que d'une confrontation.» Marina Silva, très populaire dans les milieux aisés de Rio, veut séduire les derniers hésitants. Elle a appelé ses militants à arracher les votes pour arriver à un ballottage lors du dernier meeting à la gare Central do Brasil, au centre de Rio. C'est dans la zone ouest, là où s'étendent les nouveaux quartiers de la ville, que se trouvent les populations les plus sensibles à son discours. Mais du haut de sa popularité, le président Lula est, lui aussi, monté au créneau pour booster davantage celle qu'il a choisie pour lui succéder. Lula a démenti farouchement toutes les rumeurs concernant Dilma selon lesquelles elle serait favorable à l'avortement, sujet tabou dans le plus grand pays catholique du monde. «On a aussi menti sur mon compte en disant que j'allais fermer les églises [évangéliques] et changer la couleur du drapeau», clama Lula à la télévision. Dilma Rousseff reste archi-favorite pour être présidente du Brésil et ce, dès le premier tour. Pourra-t-elle pour autant continuer l'œuvre de Lula ? M. B.