De notre envoyé spécial à Aïn El Hammam Lakhdar Siad Le tribunal correctionnel de Aïn El Hammam, à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Tizi Ouzou, a prononcé hier matin un non-lieu en faveur des deux prévenus dans l'affaire qualifiée d'«atteinte aux préceptes de l'islam», Salem Fellak et Hocine Hocini, alors qu'un imposant rassemblement de plusieurs centaines de personnes a été tenu durant toute la matinée aux alentours du tribunal situé au centre-ville. Le procureur avait requis en première instance trois ans de prison ferme. Des sentiments de joie et de satisfaction ont été exprimés par la foule, munie de banderoles et de pancartes en faveur de la liberté de culte, de conscience et d'exercice libre de toute religion ou croyance. Les deux inculpés, satisfaits du verdict, ont été accueillis par des acclamations. Ils remercieront, à leur tour, les présents. «Je félicite la population ici présente et tous les citoyens qui se sont mobilisés tout au long de notre persécution par les pouvoirs publics, ainsi que toutes les personnes qui nous ont soutenus de près ou de loin durant ces moments difficiles […], parce qu'il s'agissait d'une des valeurs de la démocratie qui était menacée, celle du libre culte», a déclaré à sa sortie du tribunal Hocine Hocini. Parmi les manifestants, relevons la présence des représentants du Congrès mondial amazigh (CMA), des anciens militants de la cause amazigh et de la démocratie. Il y avait aussi des parlementaires et des militants du FFS et du RCD aux côtés d'un nombre important d'avocats militants et de syndicalistes d'organisations autonomes. Me Hadouche Nacera, membre du Collectif d'avocats pour la défense des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, constitué lors de la chasse aux non-jeûneurs en Kabylie, a estimé que le verdict était «sage, juste et correct. En réalité, l'article sur lequel s'est basé le parquet, à savoir l'article 144 bis 2 du code pénal, ne s'applique pas sur les faits reprochés aux deux prévenus qui n'ont pas dénigré ou porté atteinte à ce principe ou par tout autre procédé semblable [...]. C'est bien de noter que c'est une avancée pour la justice algérienne».