L'offre et la demande. Un concept qui s'est imposé dans le rapport producteurs-consommateurs dans tous les domaines d'activité. La production culturelle n'en est pas exempte. Les artistes et créateurs, même s'ils laissent libre cours à leurs inspirations et leurs muses, ne perdent cependant pas de vue le public qu'ils entendent toucher, qui doit recevoir leurs productions. Car, sans un consommateur, une production, quelle qu'elle soit, devient inutile, dépérit et finira par disparaître.A quelques très rarissimes exceptions, aucun auteur, cinéaste, artiste peintre, metteur en scène de théâtre, chorégraphe ou chanteur ne peut «exister» en tant que valeur absolue. Il a besoin d'un éditeur, d'un distributeur, d'un producteur, d'un galeriste, d'un agent qui se chargeraient de mettre et de promouvoir son produit sur le marché, donc auprès des consommateurs en l'absence desquels il serait «invendable». Et là, intervient la qualité - même si elle est relative et discutable sur le plan des canons de l'art, au sens puriste du terme- du produit qui est un des «arguments de vente» qu'aucun professionnel ne peut ni ne doit ignorer. On achète un livre parce qu'il nous intéresse, on va au cinéma, au théâtre ou à un spectacle parce que l'affiche nous attire, c'est là une évidence qui n'a nul besoin d'être développée, démontrée ou étayée par des exemples.Mais faudrait-il encore donner au produit culturel le moyen d'atteindre son destinataire. Ça ne servirait à rien de réaliser un film, même si c'est la meilleure production cinématographique du siècle, si on n'a pas de salle pour le projeter, et c'est valable pour toute autre production.Combien de salles de spectacles, librairies, galeries d'expositions, théâtres et cinémas avons-nous ? Et surtout où sont-ils localisés ?«Je ne peux pas aller voir une pièce de théâtre au TNA ou un spectacle en soirée si je n'ai pas une voiture, et si j'ai la voiture, il faut que je trouve où stationner», nous dira un jeune étudiant habitant Bab Ezzouar, la banlieue d'Alger. Que diraient alors les citoyens de Djelfa, Timimoun ou même Adrar, un chef-lieu de wilaya où le désert culturel n'est en aucun cas un mirage ? A dix kilomètres d'Alger ou de tout autre grand centre urbain, on est déjà en plein dans le désert culturel, qui avance plus vite que le sable. L'Etat a bien montré sa volonté de doter toutes les villes du pays d'un théâtre et de construire tout ce qu'il peut comme infrastructures culturelles dans tout le pays. Mais comme un film a besoin d'une salle de cinéma pour être vu, une salle de cinéma a tout autant besoin du film qui est sa raison d'être. Ainsi, production culturelle, qualitative et quantitative, et large diffusion devraient sous-tendre toute réflexion et élaboration d'une politique culturelle tant à l'échelle nationale que locale, sans quoi la culture resterait enfermée dans des cercles au lieu de se propager dans toute la société pour assumer sa mission pédagogique, éducative et distractive. H. G.