N'enregistrer qu'un seul et unique recours (recevable) concernant la liste des bénéficiaires des 60 logements sociaux dans la commune de Kouba relève quasiment de l'impossible. Quand on sait qu'il ne se passe pas un jour sans que des citoyens, dans les différentes localités du pays, ne s'agglutinent devant les sièges des APC pour contester la distribution ou encore provoquent des émeutes pour exprimer leur colère à l'endroit de leurs élus. En quoi Kouba diffère-t-elle des autres, du moins en ce qui concerne la capitale ? Mme Saïda Bounab, première magistrate de la commune, estime que c'est le travail de proximité, l'écoute des citoyens qui sont à l'origine de l'absence de contestation. Elle nous explique que lorsque la wilaya attribue un quota de logements, la commission sociale de l'APC se réunit et étudie les dossiers qu'elle transmet par la suite au niveau de la commission de la daïra, présidée par le wali délégué, dont elle fait partie. Laquelle se réunit. «Nous étudions dossier par dossier. Nous procédons alors à des enquêtes sociales et nous allons sur le terrain pour vérifier la véracité des informations contenues dans les dossiers. Des enquêtes que nous faisons de jour comme de nuit. Et c'est sur cette base que les attributions sont faites.» Le maire de Kouba ne cache pas que le problème fondamental de la commune réside dans la forte demande de logements, qu'il s'agisse du social ou du participatif. Il y a des demandes qui datent de 1991. Ce n'est pas tout. Les familles s'agrandissent et les besoins aussi. Sans compter qu'il faut régler également le problème des célibataires qui veulent fonder un foyer et habiter seuls. 60 logements ont été donc attribués à Kouba en 2009, alors qu'elle avait 1 200 dossiers. Il faut gérer et démêler l'écheveau. Pourtant, les administrés n'ont pas contesté. «C'est en raison du bon travail que nous avons effectué. Nous avons travaillé dans la transparence. Rien n'a été laissé au hasard et ce sont les déplacements sur les lieux qui font la différence, surtout en termes de signes de richesse ou de pauvreté des demandeurs», nous déclare la première responsable de la commune. Laquelle déplore qu'aucun quota de logements participatifs n'a encore été distribué à la commune, alors que 4 000 dossiers sont en attente. Selon Mme Bounab, la forte demande se justifie à plus d'un titre. Outre l'agrandissement des familles, il y a aussi les cas de citoyens qui louaient chez des particuliers et qui se retrouvent expulsés. Ils sont au nombre de 800. Mais également tous ceux qui vivaient dans des logements de fonction ou d'astreinte sortis en retraite et qui ont dû quitter leur logement. Et enfin les bidonvilles. La première magistrate de la commune estime qu'elle a droit à un quota plus important du fait qu'elle préside aux destinées de l'une des plus grandes communes de la capitale : 165 000 habitants. Notre interlocutrice déclare n'avoir subi aucune pression de sa hiérarchie. «On ne m'a imposé aucune personne étrangère à la commune. De toutes les manières, je n'aurais pas apposé ma signature sur la liste et celle-ci ne serait pas passée.» Outre le traitement du problème du logement, Kouba aspire autrement à attirer des investisseurs dans différents secteurs, comme les services. Il s'agit bien sûr de créer des richesses. Pour l'heure, la commune est arrivée à assainir les situations des budgets spéciaux jusqu'à 2006 avec l'aide d'un expert financier. Ce qui a permis à l'APC de récupérer beaucoup d'argent. D'autre part, elle s'est attelée à recouvrer les créances détenues sur les commerçants et autres établissements. «On a débusqué des commerces qui n'avaient pas payé de loyer depuis dix ans. Nous avons réévalué les loyers de 5 à 10% conformément aux instructions de la wilaya», nous dit encore Mme Bounab qui n'a pas caché sa fierté d'avoir réussi la prouesse de faire payer tous ceux qui ont une activité sur «son» territoire. L'APC a même découvert qu'une banque installée sur l'artère principale de la commune ne payait pas plus de 2 000 DA de loyer par mois. «Si le recouvrement et la réévaluation avaient été faits depuis dix ans, nos caisses seraient plus remplies que maintenant. Ceci étant, nous sommes très à l'aise sur le plan financier.» Abordant les prérogatives du maire, dont certaines ont été dévolues à l'administration, Mme Bounab n'en fait pas un drame. Au contraire elle positive. En prenant l'exemple de l'obligation du feu vert ou refus du wali délégué pour faire passer les délibérations, elle dira : «Tout dépend de l'élu. Lorsque vous présentez une délibération et que vous avez les arguments pour la faire approuver, elle est accordée.» Mme Bounab pose quand même une condition : la stabilité. «Quand il y a la stabilité et entente entre les élus, il n'y a aucun problème et on fait passer nos projets. Les membres de l'exécutif de Kouba votent à l'unanimité tous les projets d'utilité publique. Lorsque le wali délégué constate cette stabilité, il n'y a pas de raison pour qu'il refuse de donner son accord.» Et d'insister : «Le wali délégué ou le secrétaire général de la commune ne sont pas là pour nous freiner, au contraire.»Pour elle, l'une des nouveautés du projet de code communal réside dans l'institution d'une troisième instance qui est le secrétaire général. «Je ne le considère pas comme ennemi, mais comme collègue. Il connaît la réglementation mieux que moi et me débarrassera de la gestion administrative. La commune ne se gère pas comme n'importe quelle administration. Il me soulagera d'un poids. Ce qui nous permettra de nous occuper du travail de proximité, de l'écoute du citoyen…» Saïda Bounab ne conteste pas le nouveau texte, notamment en ce qui concerne le retrait de confiance qui sera tributaire de l'accord du wali délégué. Parce qu'elle estime qu'il suffit qu'il y ait mésentente pour que l'on brandisse le retrait de confiance. «Alors même que le président d'APC en question accomplit sa mission convenablement.» Une APC bloquée, pour la première magistrate de Kouba, ce sont les problèmes des citoyens qui stagneront et ce sont eux qui en payeront les frais. Etre élu pour Mme Bounab, c'est d'abord accepter une immense responsabilité. «Si je réussis, c'est mon parti, le FLN, qui aura réussi, même si j'associe les autres membres.» C'est la raison pour laquelle elle estime qu'il y va de la responsabilité des partis politiques de présenter aux prochaines échéances des candidats politisés et préparés à la gestion de la commune. Pour elle, être à la tête d'une commune, c'est comme si elle accomplissait un service militaire de cinq ans. «C'est un engagement pris devant les citoyens qui m'ont élue. Ce que je ne réussis pas à 100%, je ferai en sorte de l'accomplir à 80%.» La formation dispensée par l'Etat aux élus locaux en 2007 participe, selon Mme Bounab, à leur préparation à la présidence de la destinée de leur commune. Il suffit juste de la mettre en application. De plus, les partis doivent former leurs militants et mettre de véritables critères pour présenter des candidats dignes de les représenter. F. A.