De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou, a saisi l'occasion de la tenue d'un conseil fédéral de son parti, hier à Tizi Ouzou, pour faire une intervention, comme d'habitude, très hostile au pouvoir qui a pris ces dernières années, selon ses dires, quatre décisions montrant qu'«il veut faire des communes des postes avancés au moment où il enferme l'Algérie sur elle-même». Karim Tabbou cite l'interdiction faite aux maires de quitter le territoire national et aux chercheurs de participer à des séminaires à l'étranger sans autorisation du ministère de l'Intérieur, mais aussi l'interdiction aux ambassadeurs de s'entretenir avec la société civile, ainsi que les changements envisagés dans le nouveau code communal dans le sens du ligotage des élus locaux. «L'Algérie est devenue un grand commissariat et le pouvoir veut faire des communes des postes avancés de ce commissariat», dira-t-il. Dans le même sillage, le premier secrétaire national du FFS considère que «le pouvoir mène l'Algérie à contre-courant du chemin pris par les pays du monde, dans le sens de la bonne gouvernance», et c'est à partir de là que «les Algériens vivent dans un climat de nervosité, d'inquiétude et de désespoir». Pour l'orateur, notre pays est bloqué et les institutions sont dans une morosité chronique. «Le fonctionnement de l'Etat est réduit au rituel des auditions de ministres par le chef de l'Etat et au mouvement répétitif dans le corps des walis», dira encore le responsable du parti présidé par Hocine Aït Ahmed qui ne manquera pas, d'un autre côté, d'aborder les grands chantiers qui attendent son parti, particulièrement la conférence nationale d'évaluation qui donnera l'occasion aux dirigeants et aux militants de «mesurer le chemin parcouru par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés».«Ce sera pour nous l'occasion d'actualiser notre stratégie politique au vu de nos expériences, des enjeux et des priorités du pays. Nous espérons que cette conférence nous permettra de faire émerger des débats qui ont du sens», ajoute M. Tabbou qui précisera qu'il ne s'agira pas de «tomber dans les faux débats qu'on tente de nous imposer jusque-là, parce que le faux débat sert à tuer le vrai débat et le vrai débat sert à poser les vrais problèmes des Algériens». Le responsable du FFS annoncera également la tenue, durant le premier trimestre de l'année prochaine, de la conférence nationale des élus, mais aussi la relance des activités de l'école de formation Ali-Mecili et la poursuite du processus de mise en place des structures de son parti. Avant le début des travaux du conseil, un responsable du parti de la fédération de Ghardaïa, Mohamed Djelmani, a été invité à prendre la parole et n'a pas manqué, en tant qu'économiste de formation, d'aborder brièvement la situation économique du pays, notamment en dénonçant l'absence de stratégie à long terme chez les pouvoirs publics. «Le gouvernement conduit l'économie nationale à coups de lois de finances sans aucune stratégie à long terme», dit Djelmani qui ne manquera pas de parler de «dilapidation» de l'argent engrangé par le pétrole, alors que, pour lui, les responsables de l'Etat devraient trouver le moyen de diversifier l'économie nationale pour ne plus compter sur le seul pétrole.