Les attentats suicide se multiplient ces dernières semaines en Algérie. Mais c'est loin d'être un retour à la décennie rouge où le pays croulait sous le feu et les flammes. C'est d'ailleurs pour donner l'illusion d'une force qu'elles n'ont plus que les factions d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) font dans les attentats spectaculaires. Le ministre de l'Intérieur, M. Noureddine Yazid Zerhouni, l'a d'ailleurs affirmé, dernièrement, en déclarant que «la meilleure façon d'évaluer le nombre des terroristes restant est de considérer le nombre réduit de leurs actes», assurant que des terroristes se rendent ou sont arrêtés presque quotidiennement. Ces derniers sont dispersés dans trois ou quatre régions du pays. La plus active est la région centre qui s'étend de Boumerdès jusqu'aux montagnes de Tizi Ouzou et de Béjaïa (Takhoukht, Akfadou, Amizour…). C'est dans cette région que la majorité des chefs terroristes ont été éliminés. La dernière opération est celle de Beni Douala où douze terroristes ont été éliminés. Parmi eux figuraient des responsables de l'AQMI. Et c'est justement pour desserrer l'étau des services combinés dans la région que les groupes armés tentent des opérations de diversion. Les groupes armés ont tenté, il y a quelques mois, d'opérer dans le Constantinois, à Tébessa, à El Oued et à Ouargla. Mais c'était sans compter sur la clairvoyance des premiers responsables de la lutte antiterroriste en Algérie. De ce fait, le groupe le plus important et le plus actif de l'AQMI demeure assiégé et ses opérations suicide renseignent, selon un spécialiste de la question sécuritaire, «sur les difficultés rencontrées par les groupes armés». Des difficultés, l'AQMI en rencontre. Son ralliement, en 2006, à la nébuleuse d'Oussama Ben Laden a d'ailleurs été imposé par les circonstances difficiles qu'elle traversait. Acculé, implosé, l'ex-GSPC a tenté avec ce ralliement de redonner confiance à ses escadrons. Une idée qui a, selon certains repentis, porté ses fruits puisque de nombreux jeunes adolescents ont rejoint les maquis dans l'espoir d'aller combattre «l'ennemi qui tue les enfants irakiens». Le «sang neuf» de l'ex-GSPC a permis à l'organisation de Droudkel, l'actuel «émir» national, de réaliser les attentats les plus spectaculaires qui lui permettent de faire croire à une solidité qui n'existe plus. Quelques exemples suffisent pour l'affirmer : la reddition des ex-«émir» de la zone 9, Abdelkader Benmessaoud, celle de l'ex-«émir» national Hassan Hattab et encore la reddition imminente de Mokhtar Belmokhtar, l'«émir» de la région du Sud. Mieux, l'élimination des terroristes considérés comme la colonne vertébrale du GSPC, notamment celle du numéro deux du GSPC et son spécialiste des explosifs, Samir Moussaab, des douze éléments qui préparaient, approvisionnaient et fabriquaient les bombes à Alger, de Sofiane Harkat, le négociateur de l'achat des armes du GSPC… Même sur le plan international, l'AQMI perd ses relais. Plusieurs enquêtes menées dans des pays européens ont permis de couper le financement à l'AQMI. Mieux, les Etats-Unis ont décidé de geler les avoirs de quatre responsables de l'ex-GSPC, le mois dernier, après les menaces formulées par Abdelmalek Droukdal dans une interview accordée au New York Times. Et pour conclure, le témoignage de l'ex-«émir» de la zone 9 du GSPC, Benmessaoud Abdelkader, alias Mossaab Abou Daoud, qui s'est rendu l'année dernière aux services de sécurité, résume à lui seul l'état dans lequel sombre l'AQMI : «Guerres intestines, manipulations, menaces de mort, famine, rackets et harcèlement moral caractérisent la vie de tous les jours du GSPC aux maquis.» H. Y.